Les débuts d'une coop' alimentaire autogéréehttps://amplifi.casa/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée@fediverse.blog/atom.xml2020-02-06T17:55:24.374916+00:00<![CDATA[La Cocoricoop face à son absence de structure (2/2)]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/la-cocoricoop-face-à-son-absence-de-structure-2-2/2020-02-06T17:55:24.374916+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2020-02-06T17:55:24.374916+00:00<![CDATA[<p><em>Comme la semaine dernière c'est Lucie qui s'y colle ! Bises, ludo.</em></p>
<p>Salut ! C’est reparti pour une analyse de la coopérative alimentaire autogérée de Villers-Cotterêts, la Cocoricoop, en regard des sept principes de Jo Freeman (voir les articles précédents pour plus de détails !). La semaine dernière, on a étudié comment fonctionne la délégation de l’autorité dans la coop, ainsi que la responsabilité des personnes à qui cette autorité est confiée, et enfin la distribution de l’autorité. En gros, il y a un idéal de réelle autogestion, que je comprends comme zéro autorité (ou autorité répartie également entre chacun et chacune), idéal qui se confronte aux exigences concrètes et administratives d’une structure comme celle-ci (qui a besoin d’une banque, par exemple). Il y a donc quelques « postes » de responsabilité confiés à des personnes ; mais ces délégations ne semblent pas, jusque là, mettre en péril le caractère collectif et « démocratique » du fonctionnement de la coop.</p>
<h4>4. Rotation des postes</h4>
<p>Selon Freeman, il est important de trouver un juste équilibre dans la rotation des postes entre les différentes personnes : trop peu de rotation, c’est le risque que les tâches confiées à des personnes soient perçues comme des propriétés de ces personnes, et donc qu’elles ne soient plus partagées par d’autres ; trop de rotation, c’est le risque que personne n’ait le temps de se saisir réellement des missions, d’apprendre à les réaliser correctement, etc. Pour commencer, on peut évoquer à nouveau les deux personnes référentes : le « financier » est en poste pour un an, délai au bout duquel une autre personne sera possiblement choisie. En outre, comme je l’ai déjà évoqué, les tâches comprises dans ce poste ont peu à peu été réduites afin de laisser d’autres personnes s’en saisir. C’est le cas de l’accès aux comptes et de la surveillance des fonds disponibles (qui a été déléguée à la deuxième personne référente) entre autres. Le pouvoir du financier tend donc à se réduire, et à se distribuer de manière plus égalitaire. Quant à la deuxième personne référente, la « créditomancienne » de la coop, qui donne le feu vert pour les commandes, elle est à son poste depuis peu de temps ; à ma connaissance, il n’y a pas de durée définie. Chose qui peut être éventuellement modifiée.</p>
<p>Pour ce qui est des autres tâches, on l’a vu, pas de délégation durable : les tâches sont constamment redistribuées, tout le monde fait tout ! Bon, ou presque. Mais pour reprendre l’exemple des moments de réception de commande, on est plutôt du côté de l’hyper-rotation : à chaque fois, chacun∙e se place à un poste différent (facture, déballage, rangement, étiquetage…), fonctionnement qui permet que chacun∙e touche à tout… Et qui ne permet peut-être pas que les tâches soient maîtrisées à la perfection, mais bon, on peut voir ça comme un choix de privilégier la rotation et l’expérimentation à l’efficacité et la maîtrise !</p>
<h4>5. Répartition des tâches selon des critères rationnels</h4>
<p>Freeman évoque comme critères « rationnels » de répartition des tâches la capacité, l’intérêt et la responsabilité. Je dirais qu’à la Cocoricoop, le principal critère retenu est l’intérêt : aucun diplôme en maniement d’étiqueteuse n’est demandé, il ne faut pas avoir une expérience particulière pour s’investir dans une tâche. C’est précisément ici le but de la coop : apprendre à faire, en faisant collectivement, et arrêter de se mettre des barrières parce qu’on ne se sent pas assez compétent∙e. Si on porte cette coopérative comme alternative aux supermarchés, c’est qu’on a un minimum de confiance dans le fait que les diplômes en management, en ressources humaines, en marketing ne sont pas absolument nécessaires – attention, il ne s’agit pas pour autant de nier les savoirs, savoir-faire et compétences acquises notamment par l’expérience, mais plutôt de compter sur les personnes qui détiennent ces savoirs pour les partager à tous et toutes. L’autonomie défendue par les adhérent∙es de la coop passe par cette auto-formation, on le voit par exemple lors de moments à la coop où des personnes qui maîtrisent une tâche, comme le passage de commandes, ou encore le fonctionnement du forum internet de communication, montrent à celles et ceux qui le souhaitent comment faire.</p>
<p>Pour le poste de financier, c’est encore un peu différent, puisque cette personne a été désignée parce qu’elle était volontaire et qu’elle avait une connaissance assez précise du fonctionnement d’une autre coopérative autogérée. On peut donc dire qu’ici, l’intérêt et la capacité ont été en jeu ; mais cela ne s’oppose pas à ce qui a été dit avant : il s’agit aussi d’un partage de connaissances et d’expériences.</p>
<p>Pour conclure sur ce point, on peut reprendre les termes de Freeman qui oppose deux manières d’apprendre : le « programme d’apprentissage », qu’elle privilégie, et la méthode qui consiste à « se jeter à l’eau pour apprendre à nager ». J’avoue que j’aime bien cette deuxième image, qui représente un peu à mes yeux le projet même de la coop. Se jeter à l’eau, mais collectivement, et se transmettre les savoirs, techniques et expériences dont on a besoin pour faire avancer le navire !</p>
<h4>6. Diffusion de l’information</h4>
<p>« L’information, c’est le pouvoir. L’accès à l’information augmente le pouvoir individuel », écrit Jo Freeman dans son texte. A la Cocoricoop, j’ai l’impression qu’on est plutôt au clair avec cette affirmation ; et pour diffuser les informations à la centaine d’adhérent∙es, il y a plusieurs moyens utilisés. Déjà, un grand panneau, à l’entrée du local de la coop, avec l’ensemble des informations concrètes nécessaires pour faire à peu près tout : s’inscrire, mettre de l’argent sur son compte, tenir une permanence, passer une commande, réceptionner une livraison, etc. Les informations sont détaillées et plutôt simples à comprendre. Un tableau à l’intérieur du local sert pour les infos temporaires, les messages à faire passer, ainsi que des affiches collées aux murs (pour les événements, les informations sur les produits, etc). Mais évidemment, « on n’arrête pas le progrès » comme dirait l’autre, on a un outil pour communiquer en ligne ! Enfin plutôt, deux outils : la communication par liste mail, qu’on essaie d’abandonner pour cause de « spammage » des boîtes mails, et un nouvel outil qu’on essaie d’élargir à l’ensemble des adhérent∙es : Framateam, c’est un genre de forum où on peut créer plusieurs canaux de conversations, échanger des messages privés… La diffusion par Internet est peut-être un peu plus laborieuse, sûrement en raison des différentes pratiques d’Internet parmi les adhérent∙es. Certain∙es sont plus à l’aise avec le bon vieux mail, d’autres n’ouvrent même plus les messages, d’autres encore échouent inlassablement à se créer un compte Frama… Bref, le chantier est en cours. Il y a, enfin, une personne (pleine de bonne volonté !) qui envoie régulièrement des SMS à l’ensemble des adhérent∙es, informant des derniers arrivages, mais aussi des événements, des besoins et demandes… Il y a quand même toujours des personnes qui n’arrivent pas à avoir les infos, ou qui ne s’inscrivent pas sur les réseaux. Trouver un fonctionnement unique et efficient pour une centaine de personnes, c’est mission impossible, et c’est un travail permanent d’essayer de s’adapter à chacun∙e.</p>
<h4>7. Accès égalitaire à toutes les ressources</h4>
<p>Le local est accessible à tout le monde, tout le temps (avec un code). Tout le matériel de la coop est accessible de la même manière à tout le monde. L’argent de la boîte à dons peut être utilisé (pour la coop) par tout le monde, sur simple initiative. Sur ces points, la Cocoricoop me paraît être presque imbattable. Pour ce qui est de la banque, pour l’instant, trois personnes y ont accès ; mais sur demande, tout le monde pourrait obtenir un code d’accès permettant le suivi des comptes. Les ressources informatiques (site web, adresse mail) sont principalement gérées par une personne, mais c’est surtout parce que peu de demandes ont été faites d’y avoir accès. Enfin, pour l’argent disponible sur le compte, on a vu que c’est la « créditomancienne » qui dit si les commandes sont possibles ; mais son avis n’est que consultatif, elle n’a aucun pouvoir réel de décision.</p>
<p>Voilà pour ce portrait – subjectif et orienté ! - de la Cocoricoop. Pour résumer, je dirais que la coop n’applique pas à la lettre tous les principes énoncés par Freeman : dans bien des cas, aucune structure claire et définie ne régule l’autorité ou la répartition des tâches. Le choix de la Cocoricoop a plutôt été de tendre vers une rotation constante, une absence de hiérarchie et une auto-formation des gens ; cela peut avoir des inconvénients, comme un manque d’efficacité parfois, ou une certaine lenteur dans la mise en place. Par ailleurs, rien n’empêche la constitution de groupes informels, affinitaires, de sortes d’« élites » au sein de la coop, par exemple de personnes qui se connaissent mieux, et qui auraient tendance à prendre plus d’initiatives, ce qui peut dissuader les autres de s’investir autant qu’ils ou elles le pourraient / souhaiteraient. Mais à mon sens, le fonctionnement de la coop ne permet pas que ces personnes prennent des décisions d’importance majeure sans consulter l’ensemble des adhérent∙es. S’il y a bien en effet des structures informelles qui peuvent se créer, elles ne peuvent pas concentrer de pouvoir, et elles ne peuvent avoir aucun monopole, puisque tous et toutes peuvent faire toutes les tâches. Ainsi, l’absence de structure se régule par… l’absence de structure. Cocoricoopement vôtre !
Lulu</p>
]]><![CDATA[La Cocoricoop face à son absence de structure]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/la-cocoricoop-face-à-son-absence-de-structure/2020-01-30T17:51:29.739507+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2020-01-30T17:51:29.739507+00:00<![CDATA[<p><em>Cette semaine comme promis on passe notre modèle de coop’, dans sa version pratique actuelle à la loupe avec les 7 principes de Jo Freeman. Comme pour la Louve l’article se fera sur deux semaines. Et j’ai le plaisir de passer la main à Lucie pour cet article, qui déjà lors de l’émission de radio enregistrée s’est penchée sur notre coop’. A plus.</em>
<em>Ludo</em></p>
<p>Coopérative alimentaire à vocation autogérée, la Cocoricoop de Villers-Cotterêts semble s’inscrire à merveille dans ce que Jo Freeman nomme « l’absence de structure ». En effet, d’après moi, un des motifs de sa création est de se passer de toute forme de hiérarchie, et par là, de s’approprier, à titre individuel et collectif, les savoirs et le pouvoir nécessaires au fonctionnement d’une telle entreprise (au sens premier du terme, bien entendu, à savoir : « ce qu’on se propose d’entreprendre », selon le Petit Robert). Ainsi donc, et à l’inverse de la Louve, la coopérative parisienne, pas de salarié.es ici ; le même pouvoir pour tout le monde, la même possibilité d’action pour chacun.e au sein de la coop, et le même poids dans les décisions. Voilà pour la théorie. Mais en pratique, qu’en est-il ? La Cocoricoop saura-t-elle réellement passer au crible des sept principes tranchants de Freeman ? Se gardera-t-elle de succomber à l’appel des sirènes de la cooptation, de la logique affinitaire et du confort des structures de pouvoir préétablies ? Penchons-nous sans plus attendre sur cette question.</p>
<h4>1. La délégation de l’autorité</h4>
<p>Selon Jo Freeman, toute organisation collective devrait s’efforcer de déléguer des formes d’autorité spécifiques à des personnes, pour des tâches précises, créant ainsi une forme d’engagement de ces personnes. On l’a dit, à la Cocoricoop, on tend vers un idéal autogestionnaire, et donc une absence d’autorité – « droit de commander, pouvoir d’imposer l’obéissance », selon le dictionnaire tout-sachant. Dans l’idée, le pouvoir serait plutôt réparti chez tous et toutes. Concrètement, cela pourrait s’illustrer de deux sortes : soit par une répartition extrêmement équilibrée de l’ensemble des tâches à tous.tes les adhérent.es, ce qui demanderait un temps très long et une vraie préparation pour que chacun.e soit satisfait.e de la tâche qui lui est dévolue ; soit une deuxième possibilité, et c’est plutôt celle-ci qui définit ce vers quoi tend la Cocoricoop actuellement : pas de délégation spécifique, mais une implication égale des adhérent.es dans la répartition des tâches, de manière spontanée. Nous voilà encore dans la théorie. Concrètement, de quelles tâches parlons-nous, et qui s’y colle aujourd’hui à la coop ?</p>
<p>On peut évoquer d’abord les <strong>permanences</strong>. En effet, elles sont la façade extérieure de la coop, les moments qui permettent de se croiser entre adhérent.es, de faire découvrir la Cocoricoop à de nouvelles personnes, etc. Elles ont lieu trois fois par semaine (le mercredi soir et le samedi matin et après-midi, rejoignez-nous, vous serez pas déçu.es ! - fin du carton publicitaire), et elles nécessitent au moins une personne (au mieux, plusieurs) pour ouvrir le local et gérer l’accueil. L’inscription aux permanences se fait via un calendrier en ligne, par la bonne volonté de tous et toutes : pas d’obligation, pas d’engagement à tenir un certain nombre de permanences… Seulement l’idée, répétée (martelée ?) aux dernièr.es arrivant.es, que « pour que ça fonctionne, tout le monde doit participer ». Est-ce que cette tâche est effectuée par l’ensemble des personnes, de manière égalitaire ? Non. Est-ce que cela pourrait être le cas, étant donnés les outils existants ? Oui. On garde espoir, et on reviendra plus tard sur cette difficulté.</p>
<p>Autres tâches récurrentes : les <strong>commandes</strong> aux fournisseurs (Il s’agit en fait d’un ensemble de tâches : le choix des fournisseurs, la recherche des catalogues, le choix des articles à commander, la vérification des comptes, la réception de la commande, le calcul des taxes sur la facture, le déballage, l’étiquetage, le rangement des produits, et le paiement aux fournisseurs.). Quelques personnes se sont constituées en groupe de commande pour un de nos principaux fournisseurs, et se réunissent régulièrement à la coop pour choisir les prochains articles. Ce groupe s’est constitué de manière informelle et, a priori, sur des bases affinitaires. C’est-à-dire, de manière non « démocratique » ; mais le groupe est ouvert, et ne détient aucun monopole sur le passage des commandes. Il ne s’agit donc pas, à mon sens, d’une mise en péril du fonctionnement démocratique de la coop, mais plutôt d’une initiative d’auto-organisation permettant plus d’efficacité. Pour les réceptions de commandes, qui vont de pair avec l’étiquetage et la mise en rayon, un appel est habituellement lancé par mail par les personnes qui ont passé la commande ; les personnes disponibles se retrouvent alors à la coop. Ces moments sont particulièrement intéressants en ce qui concerne la délégation des tâches : on est à plusieurs (parfois beaucoup), les palettes pleines de cartons sont arrivées, c’est le rush, et il n’y a pas d’organisation préétablie ni de chef.fe pour nous dire quoi faire ! Chacun.e essaie donc de se trouver une tâche à effectuer, de s’inscrire dans l’organisation collective qui se met alors en place. C’est parfois laborieux, certainement moins efficace qu’avec des missions fixées à l’avance, mais c’est l’occasion de travailler notre capacité à faire ensemble, à communiquer, à apprendre à se servir d’une étiqueteuse, et j’en passe. Parfois, ces moments sont aussi l’occasion pour certaines personnes plus à l’aise, ou plus expérimentées, de prendre le lead, de devenir directives ; la vigilance collective est de mise pour les recadrer si cela va trop loin.</p>
<p>On voit donc que pour la plupart, les tâches à effectuer au sein de la Cocoricoop sont saisies de manière spontanée par les adhérent.es, sans qu’il y ait besoin de les attribuer précisément à des personnes. Toutefois, il faut mentionner deux exceptions à cela : quelques personnes, dites « référentes », ont une mission précise dans la coop. Il s’agit d’un « financier », qui a accès aux comptes bancaires et s’occupe des faire les virements pour les commandes, et d’une personne qui a pour rôle de surveiller l’argent disponible et de donner le feu vert pour les commandes. Le financier a été désigné de manière plutôt démocratique, lors d’une réunion à la création de la coop, sans vote mais de manière consensuelle ; il est supposé être à cette fonction pendant un an. La « surveillante » des comptes s’est proposée pour cette tâche, et a été désignée par le financier qui lui délègue une partie de ses attributions. Ici, la délégation s’est faite de manière non démocratique. Le « monopole » du financier dans la gestion du compte bancaire tend à se modifier : l’accès aux comptes est maintenant ouvert à d’autres personnes, et le financier essaie au maximum de passer le flambeau à d’autres. Lors de la création de la Cocoricoop, le rôle de comptable a été estimé comme étant le seul rôle difficilement supprimable ; il a été maintenu jusqu’aujourd’hui, probablement parce que le groupe n’a pas eu à se plaindre de l’existence de cette fonction.</p>
<h4>2. La responsabilité des personnes devant celles qui les ont élues</h4>
<p>Dans ce deuxième point, Freeman évoque le moyen pour un collectif de garder un contrôle sur les personnes en situation d’autorité : la responsabilité de ces personnes envers celles qui les ont choisies. Continuons avec l’exemple du « financier », qui a donc un statut exceptionnel dans la Cocoricoop. Ce statut lui a été conféré de manière consensuelle, mais aucune possibilité de révocation n’a été pensée ; il y a donc peu de moyens de contrôle sur lui2. Son engagement est d’un an, et il semble évident que s’il se met à se servir dans le compte de la coop, ou à interdire toute action bancaire, l’ensemble des adhérent.es exprimera son désaccord et lui demandera de céder sa place. On peut dire que ce fonctionnement suppose la bonne volonté des personnes à qui des tâches ont été déléguées ; il y a peu, voire pas de structures qui les réglementent.</p>
<p>Bien qu’il y ait peu de délégation de tâches spécifiques à des personnes, la notion de responsabilité reste importante pour le bon fonctionnement de la coop. En effet, personne n’a intérêt à ce que les tâches effectuées soient négligées ; la Cocoricoop profite à tout le monde de la même manière, elle est un outil collectif, et non un moyen d’asseoir un pouvoir.</p>
<h4>3. Distribution de l’autorité au plus grand nombre possible</h4>
<p>Comme on l’a évoqué pour le premier point, l’idée à la Cocoricoop, c’est que l’autorité soit à tout le monde, ou à personne ; que tout le monde puisse prendre part à toutes les tâches, toutes les actions. Il reste malgré tout les deux missions que nous avons mentionnées, qui ont été déléguées à deux personnes. Le rôle du financier s’est tout de même allégé depuis la création de la coop : l’accès au compte bancaire est maintenant détenu par d’autres personnes, la surveillance du compte n’est plus effectuée uniquement par lui, etc. Le monopole de sa fonction tend donc à se dissiper !</p>
<p>Il me semble important d’ajouter que cet idéal d’absence d’autorité ne s’obtient pas sans difficultés. Tout d’abord, d’un point de vue de l’efficacité : tout prend plus de temps quand on laisse les gens se saisir eux-mêmes des missions et des tâches à effectuer, sans les leur imposer ! De manière plus large, il peut être difficile de se sentir concerné.e ou investi.e alors qu’on n’a pas de rôle défini, de contrainte, d’engagement ; on est depuis toujours habitué.es à se reposer sur celles et ceux qui « savent », et à ne pas se penser capables de faire soi même. Cette difficulté peut expliquer que pour l’instant, sur les 110 personnes adhérentes, on remarque un groupe d’une vingtaine seulement qui sont présentes régulièrement à la coop, se connaissent, et prennent des initiatives. Pour les autres, le fonctionnement est peut-être encore peu clair, ou semble trop éloigné de leur fonctionnement habituel, et c’est un sujet d’amélioration constante que d’essayer d’inclure toujours plus les membres qui ne sont pas encore à l’aise dans ce bazar autogestionnaire.</p>
<p>Cette coop est donc une expérience d’apprentissage à l’autonomie sur bien des plans, et elle peut demander un vrai reformatage pour se saisir de la liberté qu’on se laisse en son sein. Voilà pour les trois premiers points, à la semaine prochaine pour terminer ce dur travail d’auto-critique !</p>
]]><![CDATA["Comment agir sans s’entraver dans des structures aliénantes ?"]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/comment-agir-sans-s’entraver-dans-des-structures-aliénantes/2020-01-16T19:35:24.247101+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2020-01-16T19:35:24.247101+00:00<![CDATA[<p>La semaine dernière j’ai ouvert un large sujet : comment je créais ma coop’ pour que ça soit un lieu convivial. Une réponse que je t’apportais : supprime au maximum les enjeux de pouvoir. Je t’avais plus ou moins promis que nous verrions plus concrètement cette semaine comment nous nous y sommes pris dans notre coop’. Et bah nooon ! Ah ah ! Naif·ve ! C’est mon blog ! Je fais ce que je veux ! Je vais pas commencer à me laisser dicter mes sujets par le premier traine-patin venu. Oh !</p>
<p>Alors rassure toi, je ne fais qu’un petit détour voir je ménage mes effets, tel un auteur qui passe d’une histoire parallèle à une autre : au final elles convergent toutes à une conclusion commune. Ça me permet de faire un peu d’auto-promo en plus. Cette semaine, avec deux comparses, nous avons enregistré la première d’une émission radio sur la démocratie. Elle sera disponible dans les semaines qui suivent, t’en fais pas, je tiendrais au jus. Le rapport ?! Mais le pouvoir mon·ma petit·e pote. Cette émission c’était l’occasion de parler d’un texte intitulé « La tyrannie de l’absence de structure » de Jo Freeman. En gros ça dit que dans tout groupe non structuré se met en place des élites informelles qui accaparent le pouvoir. Elle énonce à la fin 7 critères qui permettent de juger si malgré tout le groupe reste « démocratique ». (Curieux·se ? Le texte fait seulement 25 pages et est dispo ici au téléchargement. Tu es autorisé·e à faire une pause pour aller le lire. Mais reviens ensuite !) En quoi ça nous concerne ici ? Si tu suis ce blog depuis un moment tu as déjà pu te faire une petite idée du fonctionnement de la coop’ et son caractère très informel et son ambition de réduire au maximum les prises de pouvoir. Néanmoins… échappe t’elle à la formation d’élites informelles ? La réponse... dans trois semaines ! Mouhaha.</p>
<p>Aujourd’hui et la semaine prochaine on se fait les dents avec ces 7 principes sur la Louve ! Encore ! A croire que finalement je voue un culte secret à ce supermarché. Ou pas. C’est juste que ça fait un point de comparaison, c’est moins abstrait pour toi et ça augmente les chances que tu piges quelque chose à ce que je baragouine. La Louve c’est quoi ? Un supermarché coopératif dans Paris XVIII, 4500 membres actifs, 10 salariés et les membres doivent travailler à la Louve 3h toutes les 4 semaines… pour le reste je te renvoie aux articles que j’ai déjà écris dessus.</p>
<h4>Principe 1 : La délégation par des méthodes démocratique, de formes spécifiques d’autorité, à des personnes concrètes et pour des tâches délimitées. […]</h4>
<p>Quel est déjà la contexte démocratique de la Louve ? C’est une SAS mais plus particulièrement une Coopérative de consommation. Elle rentre à ce titre dans les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) et est obligé légalement d’avoir une gouvernance « démocratique » dont la modalité principale est : 1 membre = 1 voix. Peu importe le nombre de parts possédées de l’entreprise. A la Louve il y a une AG tous les deux mois pour décisions principales. Théoriquement les questions de délégation peuvent être votés en AG. Une AG est elle un lieu d’expression démocratique ?
• 8000 membres à la Louve dont 4500 actifs. Une AG ne permet pas à autant de monde de s’exprimer.
• D’ailleurs concrètement il n’y a que 100 personnes aux AGs. Ce qui réduit d’emblée la portée démocratique en pratique de cette modalité là.
• En plus sur 100 personnes il y a les dix employés, ce qui complique le contre-pouvoir d’autant qu’ils sont soutenus par un groupe de personnes très impliquées.
• AG trop rares par rapport aux nombres de points à traiter ce qui ne permet pas le débat.</p>
<h5>Employés</h5>
<p>La totalité des tâches de gestion (choix des produits, des fournisseurs, commandes, compta, versement salaires, gestion des bénévoles, communication, formations à l’extérieur, etc) est déléguée aux employés. Vu que c’est tout c’est pas vraiment délimité. Cette délégation est elle réalisée démocratiquement ? En théorie oui car l’AG a le dernier mot pour les embauches ou les licenciement. En pratique des membres se plaignent que les premiers employés ont casé leurs potes.</p>
<h5>Coordinateurs des bénévoles</h5>
<p>Sur un cycle de 4 semaines, pour chaque créneau de 3h d’ouverture du supermarché il y a un groupe de 15 à 20 bénévoles. (Par exemple Jean travaille avec 16 autres personnes le jeudi en semaine 3 de 9h à 12h). Un bénévole se retrouve à peu près toujours sur le même créneau donc les groupes sont à peu près stables. Il y a par créneau un·e bénévole « coordinateur·rice ». Son autorité est bien délimitée : assigner les autres bénévoles à des postes et s’assurer que l’ouverture se passe bien (fonctionnement donc qu’il·elle n’a pas le pouvoir de modifier). Est ce que l’AG choisi les coordinateur·rice·s ? Non, bien sur, ça serait trop compliqué : un·e coordinateur·rice toutes les 3h sur 4 semaines, ça en fait un paquet à élire ! Est ce que alors c’est le groupe de bénévole du créneau qui choisi en son sein celui ou celle qui a cette autorité ? Non plus. Il·elle est mis en place par les employé·e·s en charge de la gestion des bénévoles. Non démocratique donc (ou alors comme extension de l’autorité déléguée aux employé·e·s…)</p>
<h4>Principe 2 : Exiger des personnes à qui une autorité a été déléguée qu’elles soient responsables devant celles qui l’ont élue. De cette manière le groupe garde un contrôle sur les personnes qui se trouvent en position d’autorité. [...]</h4>
<p>Comme dit plus haut, l’AG a le dernier mot pour tout et est considérée par des membres (voir mon texte précédent sur la Louve) comme le seul moyen de contrôle prévu sur les employés à la Louve. En pratique… dix employé·e·s plus leur groupe de soutient représentent une large partie des présents en AG. Ces dix employé·e·s prennent des micros-décisions au quotidien et une AG tous les deux mois ne permet pas de les passer en revue, les AGs sont déjà trop chargées d’ailleurs. Ne fonctionne que pour les défaillances majeures.</p>
<h5>Employés</h5>
<p>Il semble il y avoir un glissement dans la perception qu’ont les employé·e·s de la fonction des AGs. Il m’était confié par un bénévole lors de ma visite là bas que les employé·e·s souhaitent espacer les AGs car elles ne remplissent par leur rôle qui est de « permettre l’émergence d’initiatives des membres ». En gros de leur point de vue l’AG n’est pas avant tout un outil de contrôle des autres membres sur le pouvoir qui leur est délégué mais un espace de prise d’initiative de ces membres...</p>
<p>Une phrase visible sur leur site web me semble illustrer elle aussi cette volonté des employé·e·s de se situer hors du contrôle direct des autres membres : « Tout membre a la possibilité de proposer des produits. Tout membre peut informer et débattre avec d’autres sur les enjeux qui leur semblent importants mais aucun coopérateur ni petit groupe de coopérateurs ne peut interdire la mise en vente d’un produit. Le facteur décisif qui oriente les acheteurs-salariés dans le choix des produits à conserver ou non est le taux de vente [...] ». Ça me semble assez explicite. Et pour conclure est ajouté : « [….] est le taux de vente : l’outil le plus démocratique qui reflète fidèlement les réelles habitudes de l’ensemble des membres. » Alors pourquoi pas… sauf qu’il faut bien que j’achète des pâtes et j’en prends parmi celles qui me sont proposées. Le choix de ce qui m’est proposé en amont lui n’est pas démocratique pour un sou. Démocratie = choisir entre des réponses imposées par celles et ceux qui ont l’autorité. Wouhou !</p>
<h5>Coordinateurs des bénévoles</h5>
<p>L’AG théoriquement peut intervenir mais difficile de faire remonter que sur le créneau en semaine 4 le samedi de 14h à 17h certains se plaignent de leur coordinateur. Ça se passe plutôt en allant voir à plusieurs l’employé dédié. Les coordinateurs ne rendent donc réellement des comptes que aux employé·e·s en charge de la gestion des bénévoles.</p>
<h4>Principe 3 : « La distribution de l’autorité au plus grand nombre de personnes raisonnablement possible. Cela empêche qu’il ne se créé un monopole du pouvoir et exige de spersonnes qui se trouvent à des postes d’autorité qu’elles en consultent beaucoup d’autres [...] ».</h4>
<p>On l’a vu la totalité de l’autorité est dans les mains de 10 personnes. Sur 4500 ou 8000 membres c’est moyen délégué.</p>
<p>Pour les coordinateurs de bénévoles il y a du mieux ! Il y a entre 50 et 100 bénévoles qui ont cette fonction ! Néanmoins… leur autorité est quasi nulle, si ce n’est pour diriger les autres bénévoles de leur créneau. Ce ne sont pas ces personnes qui décident de ce qu’il y a à faire ou comment se tient le supermarché sur leur créneau.</p>
<p>Hélas pas grand-chose à dire de plus. Rien de prévu concrètement pour cette distribution de l’autorité qui est ultra concentrée.</p>
<h4>Principe 4 : « Rotation des postes entre différentes personnes. Les responsabilités qui sont portées trop longtemps par une personne, formellement ou informellement, peuvent être perçues comme les « propriétés » de cette personne et ne sont plus facilement cédées ni contrôlées par le groupe. »</h4>
<p>Pas grand-chose à dire non plus… : aucun mécanisme à ma connaissance de rotation des postes n’est institué. Evidemment pour les employé·e·s c’est compliqué à moins de ne créer que des emplois précaires… tu parles d’un système. L’erreur initiale est d’avoir des employé·e·s (de surcroit à qui on donne autant de pouvoir) qui empêche cette rotation. Pour les coordinateur·rice·s, pas non plus de rotation institutionnalisée.
Voilà quelques éléments d’information pour les quatre premiers critères et quelques pistes d’analyse personnelles. La semaine prochaine (pour de vrai) on finira avec les trois deniers critères et je synthétiserais mon analyse à la fin.</p>
<p>Si tu as d’autres éléments à apporter ou des corrections : la section commentaires est là pour ça !</p>
<p>Bises</p>
]]><![CDATA[Les petites phrases]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/les-petites-phrases/2019-12-12T18:14:54.772665+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2019-12-12T18:14:54.772665+00:00<![CDATA[<p>Cette semaine je n'ai pas mon ordi et donc pas mes notes pour mes articles... j'allais t'annoncer que tu n'aurais pas de lecture et puis j'ai repensé à des petites phrases que l'on m'a fait passer il y a peu et qui valent le partage. C'est un article plutôt récréatif donc, sans analyses, quelques petites phrases prises à la volée par l'un d'entre nous lors de notre fête à la coop il y a quelques semaines (avec des petits ateliers, l'accueil de curieux.ses, friperie, repair café, etc). Lorsque j'aurai matière à rajouter, je ferais des modifs sur ce même article probablement.</p>
<h4>Quelques instants volés à la fête de la coop</h4>
<ul>
<li>Moi je ferai un enfant juste pour lui mettre ce pull !</li>
<li>3 ans c est un bébé ou un enfant</li>
<li>Ca c'est de la merde aussi</li>
<li>Tout est sur le compte</li>
<li>Je mange ça tous les matins. C est trop bon. Avec des mouillettes comme les gosses.</li>
<li>Si l abricot est orange comme ça c est qu il a été traité.</li>
<li>"Yeeeeeeesssss"</li>
<li>Bon c est quoi ce truc qui marche pas. Ah bah si ca marche.</li>
<li>C est toi qui cache les planches a découper ! On a trouvé.</li>
<li>Il te faut le mot de passe.</li>
<li>Je rouspette dans mon coin.</li>
<li>Tu veux que je t'aide ?</li>
<li>Quoi et combien. Que je sache combien a été encaissé pour payer les loyers.</li>
<li>On a des rayons de fou. C est la folie. C est énorme.</li>
<li>Qq veut découvrir la courge de siam et la poire de terre. NAN. Bon alors c'est parti.</li>
<li>Euh je suis occupé en fait.</li>
<li>Sur protonmail les mails sont cryptés donc ils ne peuvent pas faire de traitement dessus.</li>
<li>Tiens regarde on va prendre ça.</li>
<li>Bah je sais pas apparemment nico m a dit qu'il avait jamais entendu tourner aussi bien (le mélangeur)
Est ce que qd tu l'as fait marcher tu as essayé les différentes vitesses ? On le nettoie et il va etre comme neuf.</li>
<li>Des vidéos sur le patois boulonais.</li>
<li>Je recompte 2 fois à chaque fois parce que ça m'ettonne que mes courses soient aussi peu chères.</li>
<li>Je comprends pas ce que je dois faire.</li>
<li>Je peux aussi m'en aller.</li>
<li>Je me suis trompé d'endroit je crois. C est ma mère qui m a envoyé en courses.</li>
<li>Si si on paye l'elec on paye au compteur.</li>
<li>J ai envoyé un mail aussi. J ai posé la question comment sont prises les décisions.</li>
<li>Pourquoi vous venez auj a la friperie. Parce que c'est génial, formidable que tout me va à merveille. Mais je suis obligé d'en laisser pour les autres. Merci mme modestie.</li>
<li>M. à droit de choisir ses slips.</li>
<li>Déjà j'essaye d'enlever 2 vis non coopératives.</li>
<li>Si la tete de vis est cuite après c'est perceuse.</li>
<li>Y a des petites fermetures éclair partout</li>
<li>L autonomie c est la clé</li>
<li>On s entendait comme cul et chemise car on faisait plein de blagues de cul de merde</li>
<li>Je continue a me dire que c est pas fait pour moi.</li>
<li>Le rapport a la musique que j ai. Tu vois le slow. Et ben je trouve le moyen de me faire engueuler. Écoute tu pourrais être dans le rythme</li>
<li>Je suis une tombe</li>
<li>Je vous garantie pas. Je vois avec mon patron.</li>
<li>Je préfère jeûner. Désolé je passe mon tour.</li>
<li>Moi je suis italien au 8e degré.</li>
<li>C est hyper sérieux.</li>
<li>Ca laisse pas bcp de place pour danser.</li>
<li>Dans tout groupe en particulier non organisé il y a une élite informelle qui se créait.</li>
<li>La grande confiance dans la relation c est hyper compliqué. Il faut vraiment une très grande confiance dans l'autre.</li>
<li>Là faut que je l appelle. Je suis en contact avec la conf paysanne.</li>
<li>Pour de la musique il faut brancher l'enceinte au tel. Mon enceinte est forte et puissante.</li>
<li>Tu ferais un aller retour a la maison toi ?</li>
<li>Eh on signe tous.</li>
<li>Qu'est ce qu'il y a ? Un pb ? Nan nan</li>
<li>J'ai une question, c est quoi les bouts de chaussettes là ?</li>
<li>Ca c est le tabou du sexe</li>
</ul>
]]><![CDATA[Un plus dans la vie, pas une galère]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/un-plus-dans-la-vie-pas-une-galère/2019-12-05T18:11:04.270207+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2019-12-05T18:11:04.270207+00:00<![CDATA[<p>Salut !</p>
<p>La semaine dernière j’abordais l’importance de l’angle de réflexion utilisé lors de la création d’une coop : est ce que l’on fait un·e épicerie/supermarché coopérative/participative ou créons nous un outil commun à des individus ? Et en quoi ce choix conditionnait largement la forme finale du projet. Si nous partons de l’idée d’une épicerie on commence par réfléchir (voir même sans réfléchir car ces mots éveillent immédiatement en nous une représentation mentale) à ce que doit avoir une épicerie puis seulement ensuite à comment on la rend la plus participative possible. Forcément l’option « outil commun » a ma préférence car elle permet de spécifier en premier lieu ce qu’un outil commun doit avoir comme caractéristiques puis ensuite on voit comment on articule avec ça les objectifs propres au côté épicerie (qui sont en fait quasiment réduits alors à : pouvoir se procurer de la nourriture, si possible sains, du coin et pas trop chers).</p>
<p>Dans les articles d’aujourd’hui et des prochaines semaines, dans la position où nous avons choisi de réfléchir en premier lieu à un outil commun, je développe quelques unes des caractéristiques retenues (je vais surement en oublier, n’hésite pas à en soumettre d’autres dans les commentaires) et en quoi ça a impacté la forme de notre coop et en quoi nous avons atteints notre but ou non. L’occasion d’un passage en revue de notre fonctionnement actuel !</p>
<p><em>Ma motivation personnelle à créer un outil commun à des individus est l’expérience de l’auto-gestion à une échelle « importante ». Donc forcément ça sous-tend toutes les solutions envisagées. Si ton but est de « recréer du lien dans un village » tu optera surement pour des solutions différentes pour les mêmes objectifs que doit remplir cet outil commun. Voilà, avant de commencer je tenais à rappeler d’où je parle et que tu puisses y voir les biais que ça amène au cours de ta lecture.</em></p>
<h4>Un plus dans la vie, pas une galère.</h4>
<p>Probablement le point le plus important et dont découle de nombreux autres. On sait que de base ça va être un projet qui va être un peu plus contraignant que d’aller au supermarché du coin ou de la biocoop. Il ne fallait pas que ça devienne un lieu où on traine les pattes en y allant, où la seule motivation est l’acte militant ou rationnel (« c’est mieux d’aller là que au supermarché alors je fais l’effort même si bon...»).</p>
<h5>Facile</h5>
<p>Nécessite de construire un fonctionnement le plus simple possible pour la coop’ (et de continuer à simplifier après coup si on voit comment faire mieux). Tout de suite chercher à ne pas avoir à faire x étapes pour obtenir une information, à connaître par coeur un organigramme compliqué, etc. Sinon ça devient une galère et surtout ça devient un frein immédiat à l’autogestion il me semble et à la participation.</p>
<h6>Les Clés du local.</h6>
<p>Dans les coops que je connais parfois il y a des responsables des clés, il·elle·s viennent ouvrir et fermer à chaque permanence. Dans la version la plus auto-gérée que j’ai vu : il y a pas mal de clés à disposition (et certain·e·s s’en sont fait des doubles personnels), si on prévoit de faire une permanence la semaine prochaine alors il faut venir chercher cette semaine une clé. Il faut ensuite revenir la semaine suivante redéposer sa clé. Nous allions partir sur cette solution quand un membre du groupe a proposé de mettre un boitier à code à l’extérieur qui contiendrait la clé. Le code a été communiqué à tou·te·s (toujours le même) et celles et ceux de permanence peuvent ouvrir sans problème le jour de leur permanence. Ca simplifie donc énormément la gestion de cette clé. Evidemment ça créait d’autres questions (n’importe qui peut rentrer hors des permanences, volonté de libre service et suppression des permanences ?, risque de vols ?).</p>
<h6>La gestion des stocks</h6>
<p>Dans quasi toute épicerie la gestion des stocks se fait via un outil informatique. J’ai été bénévole deux ans dans une épicerie solidaire et même là (alors que c’était plutôt petit (une centaine de bénéficiaires)) la gestion du stock se faisait par informatique et donc la caisse également. Je me suis retrouvé à cogérer ça dès mon arrivée, à l’aise que je suis avec ce genre d’outil en contemporain de la « génération Y ». J’aurai été tenté de proposer ça à la coop’ au début, considérant la chose comme simple. Avant de lancer le projet j’ai été visiter Dionycoop où il n’y a pas d’informatique. Ça fonctionne très bien là bas. Mais même après ça je continuais à trouver que l’utilisation d’un ordi pour la gestion des stocks simplifie certains aspects, pouvait éviter d’avoir à tout étiqueter, permet de savoir en temps réel la valeur des stocks, faire des stats, repérer les « trous », éviter les erreurs de calcul du montant des courses, etc.</p>
<p>Néanmoins j’étais conscient que ça en compliquait d’autres. Lors de mon travail à l’épicerie solidaire j’ai largement pu constater que l’outil informatique était un réel problème et que personne ne le maitrisait vraiment. Jusqu’à mon arrivée il y avait une seule personne en charge de cette gestion informatisée des stocks et deux personnes (dont cette première) qui pouvaient s’occuper de la caisse (un ordi avec un logiciel « simple » et une douchette pour scanner les codes barres). La personne en charge ne voulait pas vraiment former d’autres car « il·elle·s vont faire des erreurs », « que c’est plus simple si je fais moi », etc.</p>
<p>Ici on doit donc choisir entre simplifier d’une certaine manière la gestion ou simplifier les tâches à effectuer lors de cette gestion. Dans notre situation où l’autogestion est visée c’est avoir des tâches simples qui est finalement à privilégier. Des processus complexes empêchant tout simplement des personnes de prendre en charge des éléments et même de les penser clairement et donc de pouvoir les remettre en cause éventuellement.</p>
<p>Nous avons donc largement emprunté à Dionycoop son fonctionnement sur ce point : pas de gestion de stock informatique voir quasiment de gestion de stock au sens de ce qu’il se fait dans une épicerie. Le stock c’est ce qu’il y a dans les rayons et si jamais quelqu’un à besoin de savoir ce qu’il reste : il ouvre ses yeux et compte. Evidemment ça rend compliqué de savoir combien le stock représente précisément (car à la louche c’est pas bien dur) en euros mais c’est toujours envisageable de faire un inventaire complet, un peu fastidieux mais simple en revanche !</p>
<h6>Les comptes personnels</h6>
<p>Nous n’avons pas non plus de caisse informatisée. Premièrement pour une question de cout initial. Lorsque l’on se lance à 20 dans un tel projet personne n’est prêt à claquer quelques centaines d’euros pour une caisse. Et puis là encore l’usage qui peut être évident pour certain·e·s est un frein pour d’autres. Tandis que noter sur une feuille le montant de ses courses c’est à la portée de tou·te·s ! Chaque membre a donc une fiche personnelle (ou pour son foyer) sur laquelle il y a très simplement quatre colonnes : la date d’une débit ou d’un crédit, le montant du crédit, le montant du débit et le solde restant. Voilà ! Chacun·e armé·e d’une calculatrice est alors en mesure de calculer le montant de ses courses du jour et de les noter sur sa fiche. Ce système permet de simplifier évidemment également le processus du paiement. Pas besoin de gérer une tonne de chèque achat par achat, de gérer de l’espèce et d’être en mesure de ‘rendre’ la monnaie, ni d’avoir un terminal de carte bleue. L’alimentation des comptes est un processus géré à part et qui représente moins de transactions. Et puis les risques liés à laisser de l’argent liquide sur place en quantité est diminué.</p>
<p>Voilà pour ce premier aspect et ces impacts. Au cours des semaines suivantes nous en aborderons d’autres ! A la semaine prochaine.</p>
]]><![CDATA[Tu connais toi une épicerie d’où on ressort enrichi ?]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/tu-connais-toi-une-épicerie-d’où-on-ressort-enrichi/2019-11-28T19:38:48.374615+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2019-11-28T19:38:48.374615+00:00<![CDATA[<blockquote>
<p>Un présentateur dont personne ne se rappelle le nom apparaît à l’écran, sourire clinquant, costume tiré à quatre épingles, brushing impeccable.</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- «Bonsoir et bienvenu·e·s. Merci de nous suivre chaque soir pour « la coop’ en or » ! Première question à la coop’ ‘lataillecompte’: d’après vous quelles sont les caractéristiques d’un supermarché selon les français·es ?</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Alors heu… plus c’est grand plus c’est bon ? » , tente un membre de la dite coop’.</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Alors on regarde… est ce que les français pensent comme vous... », Juju regarde un écran sur lequel après un suspense insoutenable apparaît ‘Jamais assez gros’. « Et oui c’est gagné ! 88 % des français·es pensent comme vous. Une autre proposition ? »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Beaucoup de rayons ?... »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Hum… Bien, vous l’avez. »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Beaucoup de références, des caisses, des codes barres ?»</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Encore ! »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Paiement par carte bleu ou espèce, un stock une gestion du stock en temps réel avec un logiciel, des balances avec des étiquettes ? »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Oui, oui, oui ! Oui !! Oh Ouiii !... »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Des employé·e·s et des cliente·s ? »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « … Ouiiiiiiiiiiiiiiii ! !! »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Pas de marge, responsabilisation des individus, redonner du pouvoir sur la consommation, lieu de prise d’initiative, autogestion ?... », tente le mouton « noir » du groupe.</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Hein ?! Noooon ! Qu’est ce qu… argh… pourquoi... en plein... Bon, une page de pub ».</p>
</blockquote>
<hr>
<p><em>La cocoricoop c’est trop au toooop !</em></p>
<p><em>La cocoricoop explose la biocoop !</em></p>
<p><em>La cocoricoop : glop glop !</em></p>
<hr>
<blockquote>
<p>L’émission reprend, animateur au grand sourire, les joues un peu rougies, le brushing en a pris un petit coup.</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « De retour à ‘la coop’ en or’, et cette fois c’est avec la coop’ ‘lautogestioncestnonlaparticipationcestoui’ nous avons la question suivante : à quoi les francais·es associent « supermarché coopératif » ? »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Han… alors là.. je sais pas… faut que je réfléchisse un peu... »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « On vérifie ! »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Hein ? Mais c’était pas ma réponse.. »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Et... », le présentateur ne fait pas cas de l’interruption et regarde l’écran qui affiche triomphant ‘Kézako ?’, « Bravo ! 99,9999 % des français·es ont répondu comme vous ».</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Ah.. Heu.. Cool. C’est aussi la Louve, la Cagette, la ... »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Vérifions », s’affiche alors ‘La Louve et ses clones’, « Bien joué. Autre chose ? »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Des AGs (<em>toussotte</em>), une SCOP, un temps minimum de participation, des sanctions, des marges de 20 % ? »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « C’est la grande forme ! C’est oui pour tout ! »</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Pas de marge, responsabilisation des individus, redonner du pouvoir sur la consommation, lieu de prise d’initiative, autogestion ?... », tente le mouton « noir » de cette seconde coop’.</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p>- « Argh… », le présentateur se tourne vers quelqu’un hors champs et lâche entre ses dents « vire moi ce guignol... magne… nos sponsors...», puis revient face caméra « Moment idéal pour une courte page de pub ! ».</p>
</blockquote>
<hr>
<p><em>La cocoricoop je dis jamais stop !</em></p>
<p><em>La cocoricoop c’est plus mieux que ma clope !</em></p>
<p><em>La cocoricoop c’est pas une sal°°°!</em></p>
<hr>
<p>J’ai récemment lu des commentaires sur un réseau social de personnes qui veulent lancer un « supermarché coopératif ». Tu l’as compris, ces simples mots amènent avec eux un tas d’images et donc à eux seuls conditionnent largement la forme d’un projet qui s’en revendique. C’est surement très bien. Ça ne m’intéresse pas. Moi mon dada c’est plutôt l’expérience de l’autogestion.</p>
<p>Quand l’idée est venue de lancer une coop je n’ai pas pensé à «montons un supermarché, ou une épicerie ou une coopérative alimentaire ». J’étais en recherche de projets où expérimenter de l’autogestion avec d’autres personnes que des convaincues. Par ailleurs ça me semblait dans l’air du temps et de mon côté avec 3-4 personnes nous avions un mini groupement d’achat (via une biocoop dont nous n’étions pas satisfaits) et que nous n’arrivions pas à étendre à plus de monde. L’idée d’une coop’ faisait d’une pierre deux coups.</p>
<p>LA question fut alors de comment créer un outil le plus impliquant possible, le plus horizontal possible, dont chacun·e peut se saisir le plus facilement possible, offrant le plus de liberté possible et permettant le plus de prise d’initiative personnelle possible. Ça fait plein de fois le mot « possible » mais c’est ayant cet angle là que ce champs des possibles nous est ouvert. Du moins aussi facilement. Si nous avions exposé au départ simplement le projet de monter une épicerie ‘participative’, nous aurions peut être pu atteindre un fonctionnement similaire ou qui poursuit les mêmes buts mais je pense avec de nombreuses difficultés supplémentaires : en ayant à lutter avec la représentation initiale de ce qu’est une épicerie dans la tête de chacun·e. Et ça n’aurait surement jamais été aussi légitime et aussi accepté (voir revendiqué) par les membres. Là nous avons pu construire quasi à partir de rien et assembler les pièces au fur et à mesure des besoins et envies. Ça nous a permis de nous lancer avec un truc qui ressemblait à tout sauf à une épicerie, dans un local ‘défraichi...’, pas d’enseigne, avec quatre étagères de récup et seulement 2000 euros de stock pour une cinquantaine seulement de référence (dont pas mal de pâtes et de riz), sans plan de com’, sans ‘étude de marché’ (on nous demande souvent si on en a fait une, alors que clairement, avec notre angle d’attaque : on s’en fout ! Rien à voir), sans savoir si on allait pouvoir payer le loyer plus de trois mois, comment ça se passait pour avoir des produits frais et à une petite vingtaine de personnes ! Ça aurait été dur à envisager (voir suicidaire) si nous avions eu en tête d’ouvrir un commerce ou « épicerie ». J’ai eu la remarque au départ de quelques personnes de l’image peu sérieuse que ça pourrait donner du projet de démarrer avec quelque chose d’aussi peu pro, que des personnes pourraient venir voir, trouver ça bof et ne pas revenir. Pour une épicerie, je comprends carrément. Pour le projet d’un collectif qui se fait confiance et se lance dans une aventure, prend des risques (mais pas tant en vrai), met en avant des valeurs chouettes, passe pas mille ans à en débattre et a envie d’expérimenter et s’est débrouillé avec trois bouts de ficelle pour proposer quelque chose de nouveau dans le coin : ça avait déjà de la gueule ! Et c’était l’invitation à prendre le train en marche près de la gare et pas une fois lancé à pleine vitesse et figé sur un fonctionnement donc une preuve et un gage de notre volonté d’en faire un outil par chacun·e et pour chacun·e.</p>
<p>Dans la même veine à plusieurs reprises j’ai eu des remarques du genre « oh mais vous avez pas de tel produit ? C’est bizarre pour une épicerie, les gens ça va pas leur plaire » ou « Oh vous ouvrez que trois fois la semaine, vous allez avoir du mal à attirer des gens » (des remarques majoritairement de personnes qui étaient extérieures au projet et à qui on en parlait, mais pas que !). Ces discours sur comment ça devrait être, pourrait être, ce que les gens devraient faire ou ne pas faire, ce que l’on devrait trouver en rayon, il m’a été possible de les désamorcer dans ces échanges (et donc ne pas plier à tout ce que « devrait être » ce projet) en expliquant que c’était pas une épicerie mais un outil commun où ce qui était central c’est les apports de chacun·e et les usages de chacun·e. Et que ce que l’on ne trouve pas à la coop c’est que soit personne en pratique n’en veut ou que personne ne s’en donne les moyens. Dans les deux cas : tant pis si ça ne correspond pas à l’image d’une épicerie. Ce discours, comme dit plus haut, si il n’avait pas été là dès le début et revendiqué comme socle il aurait été plus difficile (et surement moins légitime) de l’énoncer plus tard (en tout cas moi j’aurai peut être pas osé!). Finalement si notre coop’ ne devait afficher qu’une « valeur » il me semble que ça serait un truc du genre : « je suis à tout moment ce que vous faites de moi et seul ce que vous faites de moi est ce qui doit être ». Et pour celles et ceux qui ne veulent pas faire cette expérience il y a des biocoop ou le rayon bio du supermarché du coin.</p>
<p>L’impact de l’axe initial du projet (épicerie ou outil commun) j’ai pu le constater également dans d’autres coopératives alimentaires autogérées (ou dites autogérées). Par exemple avec l’exemple de Creil qui est assez édifiant sur le sujet, parti sur un projet de supermarché puis finalement d’épicerie davantage autogérée et comment chaque étape a laissé des traces sur ce projet et en fait quelque chose de… un peu bâtard j’ai l’impression et dont je n’ai eu que des échos peu élogieux.</p>
<p>Tout ceci n’est que mon expérience personnelle, comme tout ce que je raconte sur ce blog et ça ne se prétend pas preuve. J’ai mes biais ! :D Et ma petite culture scientifique (et éventuellement sceptique) m’oblige à vous (et me) rappeler de prendre ça avec précautions. J’espère néanmoins par ce partage nourrir des réflexions (dont les miennes).</p>
<p>En résumé : la coop’ c’est pas une épicerie, c’est un outil commun, mieux : c’est une expérience.
Tu connais toi une épicerie d’où on ressort enrichi ?</p>
<p>Des bises et hésite pas à partager ton expérience et ton point de vue !</p>
]]><![CDATA[Fonctionnement de la coop ]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/fonctionnement-de-la-coop/2019-11-21T17:50:44.668985+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2019-11-21T17:50:44.668985+00:00<![CDATA[<p>Salut salut,
cette semaine, un format différent : un podcast. Je t’imagine sauter de joie en pensant économiser du temps de lecture ce soir et te poser pour écouter cette émission. Alors bon déjà si te voulais pas me lire fallait pas venir ici ! Et ensuite… tu y gagnes pas au change, au lieu d’une petite lecture se substitue une émission de plus d’une heure. Mouhaha.</p>
<p>Ce lundi deux d’entre nous ont participé à l’émission ‘trou noir’ à radio libertaire. Nous avions participé mi septembre à une réunion de la fédération des coopératives alimentaires autogérées à Saint-Denis. A cette occasion nous avions présenté notre coop’ en quelques minutes et suite à cela Monique et Serge qui animent ‘trou noir’ à radio libertaire nous ont proposé de venir parler notre modèle.</p>
<p>L’axe qu’ils ont choisi était d’être très factuel et ‘concret’, de décrire en détail notre fonctionnement pour permettre aux auditeur·rice·s de se faire une idée précise et créer des vocations et l’essaimage. (J’aurai aimé avoir l’occasion de discuter de certains problèmes de fond (enjeux de pouvoir par exemple puisque nous étions avec des anars ! mais ce n’était pas le lieu cette fois). Cette émission vient donc en complément de l’article ‘instantané’ d’il y a quelques semaines, plus exhaustif j’espère.</p>
<p>Le sujet commence à être abordé à partir de 23min56s <a href="https://trousnoirs-radio-libertaire.org/sons/435_18nov2019.mp3" rel="noopener noreferrer">ici</a>.</p>
<p>Pour une présentation plus succincte lors d’une émission pour RVM : voir <a href="https://www.radio-valois-multien.fr/emissions/podcasts/4813" rel="noopener noreferrer">ici</a>.</p>
<p><em>Attention : jusqu’ici j’ai pris le parti de ne pas vous dire de quelle coop nous parlions. Dans cette émission la ville dans laquelle nous sommes est évoquée à de nombreuses reprises. Si tu veux pas savoir faut pas écouter !</em></p>
<p>A la semaine prochaine ! </p>
]]><![CDATA[La Louve (2/2)]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/la-louve-2-2/2019-11-14T16:10:45.642474+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2019-11-14T16:10:45.642474+00:00<![CDATA[<p>Suite de l'<a href="https://fediverse.blog/%7E/LesD%C3%A9butsDuneCoopAlimentaireAutog%C3%A9r%C3%A9e/la-louve-1-2" rel="noopener noreferrer">article de la semaine dernière</a> où je vous donne mon ressenti et mes pensées sur ma visite à la Louve.</p>
<p>Après avoir abordé leur nombre, les modalités de commande, les marges partiquées, je reviens sur la position des employés et le pouvoir des coopérateur·rice·s au sein de la Louve.</p>
<p>La question suivante posée c’est sur leurs AGs et sur la participation aux décisions des coopérateur·rice·s. Chaque inscrit·e·s achète une part du capital (100 euros) et se voit octroyer une voix lors des AGs tous les deux mois. Après… notre interlocuteurs sèche un peu, il n’y ai jamais allé. Il nous mets alors dans les pattes d’un de ses collègues bénévoles, mieux informé. On lui repose notre question sur les AGs, leur déroulement. Petite grimace. Il se lance : « ça ne marche pas vraiment ». Au quotidien le pouvoir de décision c’est les employé·e·s qui l’ont, pas les coopérateur·rice·s. L’AG est là pour permettre aux coopérateur·rice·s d’avoir un regard sur leurs décisions et en remettre éventuellement en cause la direction et en proposer d’autre. Mais elle échoue à ce rôle. Sabotée d’après lui par les employé·e·s, pour qui c’est une contrainte. Les AGs sont chiantes, durent longtemps, avec quinze mille points à traiter qui n’ont pas le temps de l’être. Elles ramènent peu de monde (une centaine, au début c’était plutôt 400). Les employé·e·s apparemment tentent de les espacer plus encore, arguant de leur inefficacité actuelle et que finalement il n’en ressort pas d’initiatives des coopérateur·rice·s. Serpent qui se mord la queue. Volontairement d’après notre interlocuteur qui nous cite en plus un exemple récent d’un bénévole motivé à porter des initiatives et qui se serait ‘vite fait fait calmer et remettre à sa place’ par le staff. Une autre bénévole nous dira également que les employé·e·s auraient du être choisis par les AGs mais finalement là aussi les employé·e·s déjà en place ont eu un poids énorme et fait rentrer des connaissances aux postes ouverts. Ceci dit ce n’est hélas guère une surprise, on sait par expérience que souvent, même dans les associations, les intérêts des employés (e.g. garantir leurs postes) divergent rapidement de ceux des autres bénévoles et du projet initial. De plus parmi les bénévoles ces enjeux de pouvoirs divisent également : un groupe de bénévoles, très motivé, serait en premières lignes sur les réseaux sociaux et autres pour défendreles employé·e·s. « Pour se faire bien voir » nous dit notre interlocuteur. Qui d’ailleurs n’a plus de temps pour nous parler d’autre chose.</p>
<p>On le remercie, lui dit que l’on va se faire un petit tour et puis filer. Pas possible. Il alpague une autre bénévole qui doit nous tenir la main lors de notre tour des rayons. L’occasion de relever les prix. Effectivement tous les produits que l’on a en commun sont plus chers chez eux, de 20 %. Ceci est vrai pour les produits que l’on a via les grossistes. Pour les produits que l’on a via des producteurs locaux la différence est plus importante (car eux passent par des grossistes). Par exemple, la St-Rieul blonde. Nous l’avons à 3.10, ils l’ont à 4.20 (Gamm’vert à Villers l’a à 4.6).</p>
<p>Notre nouvelle guide ne nous apprendra pas grand-chose, ou ça sera malgré elle. Elle se dit un peu déçue de la louve (d’ailleurs un autre nous dit aussi que malheureusement la louve ce n’est pas ce qui avait été promis). Elle est là depuis quelques mois seulement, elle ne connaît quasi rien de l’organisation de la louve, des processus de décision, du pourquoi des produits en rayon, elle n’est jamais allé aux AGs, etc. Et à la fin de notre petit tour… le comble : elle nous annonce en avoir appris plus avec nous (et un bout de discussion avec un autre bénévole auquel elle a assisté) en quelques minutes sur le fonctionnement de la louve que jusque là ! Je disais qu’elle nous avait appris quelque chose malgré elle, ou plutôt confirmé : les bénévoles sont finalement très peu impliqué·e·s dans la coop et savent pas grand-chose (les 4 bénévoles vers qui ont nous a baladé se sont vite retrouvés incapables de répondre à des questions sur le fonctionnement essentiel de la louve). La faute probablement à la hiérarchie organisée : employés, dans leurs bureaux à gérer un tas de choses ; coordinateurs de bénévoles (qui chacun·e ne gère qu’un secteur (e.g. mise en rayon) ; et la grande masse des bénévoles qui fait ce qu’on lui dit, une tâche simple et répétitive (la palme selon moi c’est les deux gardiens de balance, dont une qui était seule à l’étage inférieure, sans client et sans personne à qui parler autre que sa balance peut être). Elle nous apprendra autre chose, justement à propos de ces balances : il y a un peu de vol à la louve, surtout pour les produits pesés. On comprendra peut être alors un peu plus qu’il y est des bénévoles à ces postes là. Mais ! Le vol se fait après, par rajout de produits dans les sacs pesés nous apprend elle. Pourquoi ces vols ? Il n’y aurait pas la conscience que finalement voler le supermarché c’est se tirer une balle dans le pied ? Non nous répond elle, c’est trop grand, trop impersonnel.</p>
<p>Une question ‘simple’ : le loyer il est payé comment ? Via la marge ? Et si oui alors le capital constitué des 100 euros par coopérateur il sert à quoi ? Au troisième bénévole vers lequel on nous dirige on a notre réponse : loyer par la marge. Le capital a permis de se faire prêter de l’argent par la banque. 1, 5 millions d’euros ! Bim. A mettre en parallèle avec les presque 7 millions de CA qui seront atteints cette année nous dit on. Mais quand même.</p>
<p>Et tous ces bénévoles, y en a trop ? Comme à celle de brooklyn vous avez un excédents d’heures à votre disposition et vous proposez des services supplémentaires (crèche, raccompagner certain·e·s membres, etc) ? Car rapide calcul : au moins 5000 actif·ve·s qui donnent 3h toutes les 4 semaines, on avoisine les 17.000 heures de bénévolat par mois ! Plus les heures des dix salariés. « Non, on manque encore de bénévoles pour faire tout ce qui est souhaité ».</p>
<p>Pour terminer notre visite nous passons près des caisses. Des caisses classiques de supermarché. Le payement n’est possible que par chèques et cartes. Le liquide c’est trop compliqué à mettre en place encore. A la sortie nous rendons notre badge aux deux personnes qui la gardent.</p>
<p>Voilà pour la visite. Heureusement pour la louve, les potentiel·le·s intéressé·e·s pour y adhérer n’ont pas la même visite que nous (mais un temps d’accueil hebdomadaire dédié), car je gage que le nombre d’adhésion serait plus faible. Franchement, ça donnait pas envie.</p>
<p>En conclusion il me semble préférable d'avoir dix petites coops qu’un seul gros truc comme ça. A jeudi prochain !</p>
]]><![CDATA[La Louve (1/2)]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/la-louve-1-2/2019-11-07T18:01:51.361664+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2019-11-07T18:01:51.361664+00:00<![CDATA[<p>J’étais sur Paris il y a quelques semaines et avec un ami je suis passé par hasard proche de « la louve ». LE supermarché coopératif. J’ai eu l’occasion d’y faire un petit tour et d’obtenir quelques renseignements. Il est possible qu'il y ai quelques erreurs, les infos là sont celles obtenues lors de la visite. L'article un peu long est découpé en deux.</p>
<p>Trois mots d’historique. La Louve c’est un projet qui a commencé à être discuté aux environs de 2014. Le groupe originel s’est rapidement divisé en deux : l’un souhaitant créer une épicerie, l’autre un supermarché basé sur l’exemple de brooklyn (slope park food coop). Le premier groupe a créé son épicerie dans la foulée et rapidement atteint les 400-600 adhérents, chiffre stable depuis. L’autre a commencé à faire connaître son projet nommé « La louve ». Constitué sous forme de Scoop, le projet de supermarché pour démarrer devait avoir 2.000 inscrit·e·s. Le projet aura mis 2-3 ans à atteindre ce nombre et se lancer. Cela fait donc environ 3 ans que la louve est ouverte. Ce projet a depuis inspiré de nombreux autres dans les grandes villes (Montpellier, Bordeaux, etc) et dans de plus petites (pas forcément pour le meilleur, j’en reparlerai dans un autre compte rendu à venir). Avec sa visibilité on lui doit surement un coup de boost à la création de coop en france.</p>
<p>Je m’attendais en arrivant au magasin à une devanture clinquante ! Depuis des années que j’entends parler de la louve, alors que c’était seulement en projet un ami avait adhéré, je m’en étais fait toute une histoire. En fait c’est au rdc (et sous-sol) d’un bâtiment non loin de Barbès, devanture gris sombre et sobrement en blanc est indiqué ‘coopérative la louve’ (quelque chose du genre). Le magasin est assez grand, deux fois plus que le petit « casino » du village de 4000 habitants où j’ai vécu 20 ans. Les horaires affichées : deux heures tous les jours et de 13 à 20 le samedi. On rentre là dedans, une petite queue de quelques personnes qui attendent de passer par l’accueil. Passage obligatoire sur la gauche, un petit bureau avec un ordi et un·e bénévole derrière. Sur le mur à notre droite, un poster avec le visage et le nom des dix salariés. Poster que l’on retrouvera plusieurs fois dans la magasin (à défaut d’y voir les visages en vrai). Le magasin est pas bien joli… on dirait un parking sous-terrain. Mur et piliers gris foncés. Au plafond sont suspendus des néons carrés et des bouches de ventilations carrées. Sont apparents tous les câbles et tuyaux qui y sont reliés. Ça respire pas la joie de vivre !</p>
<p>Le bénévole susnommé a pour rôle de vérifier qu’un·e coopérateur·rice a le droit de rentrer. Le·la coopérateur·rice donne son numéro et l’ordi crache son verdit, retransmis par le·la bénévole au poste : « ok », «vous devez faire un rattrapage car vous n’avez pas fait vos heures », « attention vous êtes en alerte, vous avez plusieurs rattrapages à faire, vous allez bientôt être bloqué·e », « désolé mais vous avez trop de retards pour vos heures, ce n’est pas possible de faire vos courses, allez voir le bureau de gestion des bénévoles ». (Nous avons vu ces différents cas durant les dix minutes que nous avons passé à ce poste).</p>
<p>Les non-coopérateur·rices ne peuvent pas rentrer comme ça. Je tente : « je suis membre d’un projet du même genre, bien que plus modeste, serait il possible de visiter ? ». On va faire chercher quelqu’un. Dix minutes plus tard, un quelqu’un fini par arriver, nous redemande le pourquoi de notre visite, nous file un badge chacun indiquant notre statut de visiteurs qui ne peut faire d’achat et se révèle prêt à répondre à nos questions, si possible. Ca fait plus d’un an qu’il est membre, apprend on. Aujourd’hui il fait ses heures. 3H toutes les 4 semaines. Lui a un créneau fixe (comme la majorité) et le sien c’est un samedi sur 4 de 13h15 à 16h15. Son rôle attitré (et chaque fois le même) : coordonner le travail des autres bénévoles du créneau.</p>
<p>Au premier coup d’oeil des bénévoles nous en avons déjà vu un petit nombre : la personne à l’entrée qui vérifie votre droit d’entrée. Deux personnes qui ‘gardent’ la sortie. Deux trois caissier·e·s. Deux personnes postée chacune à une balance. Notre coordinateur de bénévoles. On croisera deux autres personnes lors de notre visite et on comprendra au panneau qu’il nous montre qu’il y en a d’autres à la réception des commandes, à la mise en rayon, à la découpe et réemballage du fromage, aux pliages des cartons, au nettoyage, etc. Ça rigole pas ! L’usine à gaz.</p>
<p>Notre première question est sur leur nombre. Il ne sait pas trop, les trois autres à qui on posera la question savent pas plus. A chaque nouvel adhérent est attribué un numéro, croissant. Ils en sont au numéro 8000 et quelques depuis le lancement 3 ans auparavant. En revanche combien d’actifs ? 5000 demandais-je. « Surement ».</p>
<p>La seconde question concerne les commandes. Comment c’est géré tout ça ? Qui passe les commandes ? A qui ? Pourquoi ? A l’endroit où se tient notre discussion nous pouvons voir le rayon des pâtes. C’est varié. On retrouve nos pâtes mais d’autres également. Dont des Barilla. En se baladant plus tard dans la magasin on constatera que le choix est multiple pour tous les types de produits. Il y a du bio comme du non bio. Et on retrouve parfois un produit par ci par là de quelques grandes marques des supermarchés : du sucre daddy, des biscuits de chez Lu, du Lipton ice tea, etc. Pas de Nutella vous noterez mais évidemment plusieurs équivalents. Ce sont les employé·e·s qui gèrent les commandes. Il·elle·s ne passent que par des grossistes. Il y a déjà des réceptions quotidiennes, se rencarder directement avec des producteurs serait une plaie à gérer pour eux·elles. Le choix des produits est à leur discrétion, même si on peut tenter des suggestions. Si le produit ne figure sur aucun de leurs grossistes actuels, n’espérez pas trop quand même nous dit-on.</p>
<p>Et les prix ? Pour payer loyer, frais de fonctionnement et emplois ! il y a une marge de 20 % réalisée ! Ça calme. Je demande alors si ça vaut encore le coup de venir là, il nous est répondu que ça dépend des produits mais que l’on peut espérer trouver néanmoins 5 à 15 % moins cher qu’ailleurs (et c’est sur le bio que c’est le plus marqué). Coup de bol, ils sont à Paris. Sinon ça ne serait certainement pas moins cher qu’ailleurs. Et vu que la différence est surtout marquée sur les produits bios, notons donc que c’est celles et ceux qui peuvent s’en payer qui feront le plus d’économie à la louve, les autres (qui auraient certainement besoin d’en faire davantage) bah… Ces quelques % de moins sont à mettre d’ailleurs au regard du temps de travail demandé : 3h toutes les 4 semaines. Ca doit bien représenter 30 euros brut environ. Bref, ce n’est pas tellement rentable financièrement comme modèle.</p>
<p>Allé. C'est tout pour cette fois. La suite la semaine prochaine.</p>
]]><![CDATA[Pouvoir individuel vs. pouvoir collectif]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/pouvoir-individuel-vs-pouvoir-collectif/2019-10-31T20:37:34.609135+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2019-10-31T20:37:34.609135+00:00<![CDATA[<p>Vous l’avez vu, j’ai une petite obsession avec cette question du pouvoir. Et le sujet de la coop’ s’y prête particulièrement bien. C’est même pour moi Le sujet. Pour aborder cette question du pouvoir individuel face au pouvoir collectif je vais me prendre un aspect comme exemple : qui décide ce que la coop’ achète. Le raisonnement se transpose facilement aux autres aspects. Je vais décliner trois manières de faire ces choix d’achat que j’ai pu voir dans des coops alimentaires, plus ou moins accentués ou panachés.</p>
<h4>I : <em>"Alors moi je propose que l'on fasse une grande réunion pour que l'on décide du fonctionnement de..."</em> <img src="https://fediverse.blog/static/media/AF52C09B-DFE6-F744-1A7C-553808397255.jpg" alt="Noooon"></h4>
<p>Ah les AGs ! ... Que de sales habitudes n'y avons nous pas pris !
Et forcément dans tout nouveau projet nous avons vite fait de revenir coller là nos modes de fonctionnement habituels. Une coop' peut ne pas y échapper, faute de vigilance. Ou d'un choix politique dommageable. Alors oui c'est mon point de vue, en même temps tu es là et tu te doutes que j'allais pas écrire le point de vue du voisin ! Mais je te laisse pas comme ça, je développe.</p>
<p>Avec le modèle des AGs ou des réunions il y a souvent l’idée qu’il faut bien prendre des décisions à un moment ou à un autre et que la meilleure manière de le faire c’est à la majorité. Rapidement on passe de ‘à un moment ou un autre’ à ‘chaque décision’ sans distinction. Décisions communes pour interdire, encadrer, gérer, etc souvent par peur ou principes. La coop ça peut devenir ça, un lieu où on a des principes et on y déroge pas (par exemple : il faut manger bio, local, sans emballages). <strong>Et cette idéologie au niveau du collectif prend le pouvoir sur les individus et leurs préférences, convictions et moyens personnel·le·s.</strong></p>
<p>Cela donne également la possibilité de passer en force sur certains sujets, de s’abstenir de débattre et convaincre dès que l’on a la majorité, casser des initiatives qui ne nous conviennent pas, etc.</p>
<p>Il y a aussi quelque chose de très déresponsabilisant dans ce genre de décision. Les personnes non présentes lors de la décision vont peut être être moins appliqués dans la mise en application, les personnes en désaccord encore plus, et ceux et celles qui ont voté… pas forcément les plus concerné·e·s non plus. Puis si il y a vote c’est qu’il doit bien y avoir quelqu’un qui va le mettre en application, implicitement.</p>
<p>Bref, je suis pas fan. Et je pense que en petit groupe nous pouvons nous organiser autrement.</p>
<h4>II : Déléguer la décision à un groupe</h4>
<p>Là aussi pratique fréquente. C’est le modèle de la Louve par exemple où ce sont les employé·e·s qui gèrent les commandes. A la Louve les employées auraient décidé que les producteurs locaux ça sera sans (trop compliqué) (voir l’article à venir sur la louve).</p>
<p>Dans d’autres coops’ ce sont des commissions permanentes qui gèrent les commandes. Les membres de la commission, élu·e·s ou désigné·e·s ou volontaires, sont là pour un temps donné.</p>
<p>Dans ces cas là les individus membres n'ont plus ou guère de pouvoir. <strong>Le seul pouvoir leur restant est de suggérer et espérer que ça soit accepté.</strong></p>
<p>Et tout ça peut être éventuellement combiné avec des décisions prises au niveau du collectif du tout bio, tout vrac, tout local ou autre. On alors là un combo où finalement il sera difficile d’annoncer aux membres que la coop est un moyen de reprendre du pouvoir sur sa consommation. <strong>A l’échelle du collectif la coop permet en effet d’avoir une offre de plus sur son territoire et donc un peu plus de choix et donc un peu plus de pouvoir sur sa consommation. En revanche en son sein les individu·e·s en eux même n’ont pas de pouvoir important de décision sur leur consommation. Dommage dommage…</strong></p>
<h4>III : Donner le maximum de liberté et de pouvoir aux individus du collectif</h4>
<p>Notre parti pris dans notre coop’, annoncé dès le début et socle du projet : ce n’est pas au niveau du collectif que nous souhaitons avoir du pouvoir mais au niveau de l’individu dans le collectif. Nous élaborons un outil commun qui puisse permettre à chacun·e de vraiment reprendre du pouvoir sur sa consommation. Et que le collectif lui soit une force (par l’effet de masse par exemple) et non pas un nouveau frein.</p>
<p>Au niveau du choix des produits dans notre coop : pas d’à priori. Certes la plupart d’entre nous ont un penchant pour le bio, le local, le peu emballé. Ca les regarde. Celles et ceux pour qui c’est moins une priorité : ça les regarde. Dans les deux cas : la coop est là pour leur permettre d’aller aussi loin qu’il·elle·s le veulent dans leurs choix de consommation.</p>
<p><em>(Avant de continuer un petit rappel sur la gestion de l’argent à la coop. Chaque membre a une fiche de compte personnel. Sur cette fiche est affiché son solde du moment (toujours positif) auquel il·elle déduit le montant de ses courses au coup par coup. Lorsque le solde diminue beaucoup il·elle le recharge. Cet argent crédité sur les comptes individuels est un pot commun à l’échelle de la coop. C’est cet argent qui constitue le fond qui permet d’acheter du stock.)</em></p>
<p>Concrètement : pas de commission ‘commande’, pas d’employé·e qui gère cet aspect là (ni aucun, pas d’employé·e du tout en fait ^^). Pas de limitations décidées par une partie du collectif lors de réunions / AG, etc. Qui veut s’occuper de démarcher un·e producteur·rice local·e ou un petit grossiste de son choix le fait. N’importe qui, seul·e ou a plusieurs peut préparer des commandes. La seule contrainte qui se pose à un moment donné est : avons nous assez d’argent dans le pot commun (i.e. la somme des soldes positifs des membres) pour payer les commandes déjà prévues, les commandes régulières et cette nouvelle commande ? Si non alors soit la taille de la commande est réduite, soit repoussée. C’est tout ! On compte ensuite sur la raison de chacun pour ne pas commander 38 palettes d’un produit sans savoir si il va partir ou immobiliser une fortune pendant dix ans.</p>
<p>Vous voyez la différence de dynamique, d’implication, de confiance, de responsabilisation, de pouvoir et liberté donné ? Comment ça change forcément toute la vie de la coop ?</p>
<p>Voilà ça c’est un modèle que je défends actuellement et que j’ai à coeur d’expérimenter.</p>
]]><![CDATA[Reprendre du pouvoir...]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/reprendre-du-pouvoir/2019-10-24T15:27:42.921247+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2019-10-24T15:27:42.921247+00:00<![CDATA[<p>Un petit article sans prétention, issu d’une réflexion personnelle sur ce terme de ‘reprendre’.</p>
<p>Régulièrement, que ça soit de ma bouche lorsque je ne fais pas attention ou dans celle d’autres membres de la coop sort la phrase : « La coop permet de reprendre du pouvoir sur sa consommation ».<br></p>
<p>Reprendre ? Cela sous entend il que « c’était mieux avant » ? Il y aurait eu donc un temps où ce pouvoir aurait été notre et il nous aurait été confisqué ou nous l’aurions cédé. En ligne de mire : les supermarchés. Quand la plupart il me semble parlent de reprendre du pouvoir c’est se dispenser des supermarchés. Mais avant les supermarchés avions nous plus de pouvoir sur notre consommation ? Lorsque dans un petit village existait une épicerie ou deux, quel pouvoir avaient les consommateur·rice·s sur ce qu’ils y trouvaient ? Si les supermarchés ont suscité l’enthousiasme c’est certainement notamment parce qu’ils permettaient à chacun·e d’accéder à plus de produits différents, à plus d’alternatives, donc à plus de choix et de pouvoir sur leur consommation. Et à un prix inférieur à celui des petits commerces de proximité, augmentant là aussi le pouvoir d’achat et donc de choix de consommation.</p>
<p>Même sur le ‘bio’ (reste la question de la qualité des produits) les supermarchés offrent plus de produits qu’une petite épicerie de village le pourrait. De même pour le rayon ‘produits locaux’. Evidemment les supermarchés bien que proposant une vaste variété de produits uniformisent l’offre. Même chose, pire même, pour des petits commerces qui ne peuvent consacrer de la place à des produits qui se vendent moins rapidement (quelle tristesse d’aller dans des librairies et toujours trouver les trois mêmes bouquins des auteur·rice·s que j’aime…).<br></p>
<p>Il ne s’agit donc pas d’un retour en arrière vers les petits commerces d’antan. Nul contrôle sur notre consommation dans cette voie. La coop’ ne permet donc pas de reprendre un pouvoir disparu fantasmé sur notre consommation. La coop’, aujourd’hui, peut être un outil qui permet de créer du pouvoir sur sa consommation comme peu (voir pas) d’autres systèmes ne le permettent ou ne l’ont permis (notamment avec les moyens de distribution actuels, les moyens de communication, le net, etc).<br></p>
<p>Peut être... car à ma connaissance finalement rares sont les coops à aller très loin dans cette création d’un pouvoir individuel sur sa consommation (voir <a href="//fediverse.blog/tag/Lescoops" title="lescoops" rel="noopener noreferrer">#lescoops</a>). <br></p>
<p><br></p>
<p>Bises</p>
]]><![CDATA[Instantané]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/instantané/2019-10-17T16:21:06.129707+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2019-10-17T16:21:06.129707+00:00<![CDATA[<p><em>Je voulais commencer par quelques réflexions théoriques fumeuses sur le pouvoir, la liberté, l’autonomie, etc et puis je t’ai déjà imaginé râler et poster 12392 commentaires disant « mais de quoi on parle au fait ? C’est quoi ton truc de coopérative machin chose ? ». Première réponse un peu crue : « va sur <a href="https://duckduckgo.com" rel="noopener noreferrer">Duck Duck Go</a> et cherche. Je suis pas <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupement_d%27achat_service_%C3%A9picerie" rel="noopener noreferrer">Wikipédia</a>. ». Bon après… je vais pas te laisser te débattre avec ça. Surtout que je sais que tu vas absolument pas te débattre avec ça mais fermer cette page et ne jamais revenir. Donc je fais un pas vers toi… Un demi pas plutôt : je suis toujours pas Wikipédia et si tu n’as pas la patience de voir petit à petit, à mon rythme, ce que c’est que tout ce truc, alors ton premier réflexe de retourner sur fb était le bon. En revanche je veux bien commencer par un petit instantané de ce qu’est la Coop’ aujourd’hui. Pas de justifications des choix présentés, juste l’énumération des caractéristiques (auxquelles je pense). Certains éléments te seront peut être obscurs à ce stade sans rien pour les introduire, il faudra patienter pour avoir plus de détails. N’hésites pas quand même à faire savoir quels sont les éléments peu clairs dans les commentaires. Le reste du tableau viendra plus tard, ou tu te renseigne par toi même (et reviens ici pour nourrir la réflexion :D). Par contre tu n’échapperas pas longtemps à mes réflexions théoriques fumeuses, ce n’est que partie remise.</em></p>
<p>Nous sommes quatre mois après le lancement de la « coop’ ». C’est une sorte d’épicerie nommée <a href="https://cocoricoop.frama.site/" rel="noopener noreferrer">Cocoricoop</a>.</p>
<p><img src="https://cocoricoop.frama.site/user/pages/images/Logo_moyen_petit.png" alt="Cocoricoop"></p>
<p><strong>Combien sommes nous ?</strong></p>
<p>Parti·e·s à une petite vingtaine, nous sommes aujourd’hui 75 foyers inscrits. Dont 65 avec une feuille de compte. C’est à dire qu’il y a dix inscrit·e·s qui n’ont pas encore fait leurs premières courses dans la coop’. La quasi totalité des 65 foyers ont fait des emplettes dans le courant du mois dernier et sont donc ‘actifs’.</p>
<p><strong>Où ?</strong></p>
<p>Une ville de dix milles habitants dans le nord de la France, mairie FN. Nous avons un local en sortie de ville. Le local en lui même est peu visible. Néanmoins son accès se fait à partir d’un grand axe quittant la ville, quelques centaines de mètres après la zone commerciale et ses supermarchés. C’est une partie d’un plus grand bâtiment avec parkings, entouré de barrières. L’accès à cette zone est la plupart du temps ouvert. Le cas inverse nous pouvons ouvrir la barrière à notre guise.</p>
<p>Un local de 80m2. Peu isolé. Peinture défraîchie. Quelques petits travaux à faire, principalement cosmétiques, que nous avons reporté à plus tard. De l’eau dans une pièce attenante et des toilettes, fonctionnelles depuis peu. Électricité, pas aux normes. Loyer : 360€ TTC par mois, plus eau et élec et petite participation aux impôts locaux. Le local est meublé principalement avec de la récup pour le moment.</p>
<p><strong>Inscription</strong></p>
<p>Les fiches d’inscriptions sont à récupérer au local. Après quelques mots d’explication par la personne bénévole de permanence (selon ses connaissances et sa vision de la coop’).</p>
<p>La mise en commun commence à cet instant : des sousous. Une participation aux frais de fonctionnement est demandée. Elle est libre mais quelques informations sont données pour éclairer le choix du montant. Nos charges sont estimées à 4000€ l’année et nous avions tablé sur une centaine de foyers adhérents au bout d’un an. La moyenne de la participation doit donc se situer autour de 40€ par foyer. Le bulletin d’adhésion indique donc cette somme. Indique également 20€ pour signifier qu’il est clairement possible de participer selon ses moyens (avec éventuellement une somme inférieure à celle là).</p>
<p>La seconde participation est également monétaire : créditer son ‘compte personnel’. Montant libre également. Chacun·e est invité à déposer de l’argent avant ses achats. Cela afin de permettre de constituer le stock, la coop’ n’ayant pas de fonds propres. Chacun·e est même fortement encouragé à laisser le plus d’argent possible sur son compte en permanence, cela afin qu’il y ai le plus grand stock possible. Bien sur chacun·e dépense cette somme personnelle à sa convenance, au rythme souhaité et recrédite quand bon lui semble son compte. Nous conseillons de laisser au moins 50 euros en permanence. Personne ne vérifie combien chacun·e laisse.</p>
<p><strong>Auto-gestion</strong></p>
<p>Pas d’employé. Pas de hiérarchie. Pas de groupes de décision élus ou votant des choses.</p>
<p>Il y a parfois des groupes, temporaires, de personnes qui se réunissent en vu d’une initiative et qui se coordonnent. Tout le monde peut en être. Ces groupes n’ont pas de légitimé particulière et donc de prérogatives ou pouvoirs.</p>
<p><strong>Produits</strong></p>
<p>Une grosse majorité des produits sont bios. Mais pas exclusivement.</p>
<p>Nous avons un grossiste régulier, avec un franco de port de 1100€ HT. Quatre autres petits grossistes occasionnels (franco à 150€, 250€, 550€ et 700€). Pour les commandes, certaines personnes se réunissent quand jugé nécessaire pour choisir les produits, selon leur initiative ou en discute sur la mailing-liste.</p>
<p>Ensuite nous avons bien sur des produits « locaux ». Selon les initiatives personnelles. Une vingtaine actuellement (bière, savons, tartinades, fromages, haricots, lentilles, farines, etc). Tous les produits locaux présents actuellement sont le fruit des démarches de cinq-six personnes.</p>
<p><strong>Ouvertures</strong></p>
<p>Un créneau le mercredi soir de 18h30 à 19h30 pendant laquelle une AMAP (pré-existante à 15km) fait des livraisons de paniers. Un créneau le samedi matin de 10h à 12h et un l’après midi de 15h à 18h. Horaires fixées par quelques personnes arbitrairement, modifiées avec l’expérience. N’importe qui peut décider d’ouvrir d’autres créneaux à sa guise et essayer de motiver du monde pour le tenir dans le temps.</p>
<p>La clé permettant d’ouvrir le local est dans une boite à code, disponible pour tou·te·s. Certain·e·s viennent donc faire leurs courses en dehors des ouvertures.</p>
<p>Les inscriptions aux permanences se font via un sondage de dates en ligne.</p>
<p><strong>Participation</strong></p>
<p>Pas de temps minimum. Chacun·e prend ses responsabilités vis à vis de la coop’ et de son utilisation. Une dizaine de personnes sont particulièrement actives, participent soit à des commandes, soit vont voir des producteur·rice·s, assurent des stands à diverses manifestations, font beaucoup de permanences, etc. La moitié de celles et ceux là est là depuis le lancement, les autres ont pris le train en marche.</p>
<p>Allé, voilà une première vue de la coop’. Si il manque des infos, des points importants, faites signe dans les commentaires, j’y répondrais et ferais d’éventuels ajouts.</p>
<p>Bises.</p>
]]><![CDATA[Intentions]]>https://fediverse.blog/~/LesDébutsDuneCoopAlimentaireAutogérée/intentions/2019-10-09T16:53:34.161696+00:00Berluehttps://fediverse.blog/@/Berlue/2019-10-09T16:53:34.161696+00:00<![CDATA[<p>Bonjour à tou·te·s.</p>
<p><br></p>
<p><strong>Un blog qui va parler de quoi ?</strong></p>
<p>Depuis quelques mois je participe au lancement et maintenant au fonctionnement d'une "épicerie participative autogérée" ou "coopérative alimentaire autogérée" ou ce que vous voulez.</p>
<p><br></p>
<p><br></p>
<p>Plusieurs fois, en parlant de cette expérience autour de moi j'ai eu le commentaire suivant : "vous pourriez en faire un bouquin". Alors non pas parce que ça fourmille d'anecdotes croustillantes à sensation. Plus simplement, parce que ça pourrait donner des billes à celles et ceux qui aimeraient se lancer eux même dans une telle aventure. Il existe déjà un chouette bouquin écrit par Dionycoop qui parle du fonctionnement concret d'une coop, ça ne va pas être le propos principal ici. Ici on parle des rapports entre personnes, des tensions, des doutes, des joies, des réussites, etc ! Je (et peut être d'autres) vais m'autoriser évidemment de parler de fonctionnement, de raconter mes idées là dessus et tout le tremblement, vous y couperez pas. Vous direz pas que vous étiez pas prévenus.</p>
<p><br></p>
<p><strong>Va t'il tout raconter ?</strong></p>
<p><br></p>
<p>Je vais essayer de pas m'auto-censurer, mais pas simple ! Je vais pas "régler mes comptes" ici. Néanmoins je vais essayer de ne pas cacher ce qui est la réalité d'une telle initiative. Je vous rassure d'emblée : il n'y a rien de grave, pas de grandes tensions et tout ça. Il y a parfois des désaccords, qui ne prennent jamais une bien grande importance, pas parce que nous sommes particulièrement des supers personnes mais car notre fonctionnement les limites par nature. On y reviendra !</p>
<p><br></p>
<p><br></p>
<p><strong>Divers</strong></p>
<p>Au niveau du style littéraire, je n'en ai pas. Il n'y a pas l'ambition d'en faire un truc drôle ou que sais-je. J'ai peu de temps, rarement accès au net, alors ça sera souvent brut. Faudra faire avec.</p>
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<p>Comme la plupart des blogs il est menacé de mort dès sa naissance. Va t'il passer le cap des trois articles ? Histoire de lui donner toutes ses chances je me fixe un petit challenge : un article par semaine, chaque jeudi soir au plus tard. Puis ça vous fait un rendez vous en plus !</p>
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<p>Les articles ne suivront pas forcément un ordre chronologique. Notre coop' est ouverte depuis quelques mois et donc je vais petit à petit revenir sur ses débuts. Selon l'inspiration et les circonstances.</p>
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<p>Bon, et bah voilà, premier article pondu ! A la semaine prochaine.</p>
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