T'as le droit de ne pas parler de tes traumas

[TW relation toxique, mal-être]

Récemment, j'ai eu une discussion avec une certaine personne qui m'a déçu sur énormément de points. Et je pense que s'il y a une chose qui m'a poussé à ne plus vouloir la retrouver, c'est le jour où elle a osé me demander de lui parler de mes traumas, alors qu'auparavant j'avais pris la peine d'expliquer pourquoi je ne voulais, et ne pouvais le faire.

Elle m'a donc reproché de ne pas parler de ces traumas, et a justifié ce reproche avec des arguments qui étaient révélateurs d'un point de vue assez toxique. Selon elle j'empêchais notre relation d'évoluer, car dans une relation il faudrait tout se dire, tout le temps être collé.e.s l'un.e contre l'autre, toujours faire des choses ensemble et se voir souvent. Cette personne n'avait jamais eu de relation amoureuse avant, et j'ai donc bien insisté et pris le temps d'expliquer que : j'ai des handicaps, je suis limitée car vie et famille compliquées, et que parfois mes troubles et traumas me font vivre un mal-être tel que je n'arrive plus à supporter le contact physique, parfois visuel. Et quand ça arrive, j'ai précisé que je n'aime pas quand on insiste.

"Allez, embrasse-moi, juste un bisou."

Prendre autant de temps et d'énergie, pour tout expliquer avec patience pour que finalement on te donne l'impression que ta santé mentale ne vaut rien à côté du bien-être et des exigences basées sur les fantasmes de la vie amoureuse de l'autre.

S'il vous est arrivé ce genre de chose, ne culpabilisez surtout pas. Si quoi que ce soit vous met mal à l'aise, santé mentale top ou non, vous avez totalement le droit de refuser, et personne ne devrait vous demander de vous justifier pour cela. Les gens font pas la différence parfois entre essayer de comprendre ce qu'il se passe et se justifier. La personne dont je parle cherchait sans cesse des justifications, car les explications ne suffisaient pas. Pourquoi ? J'ai une idée, mais si j'y pense je vais m'énerver. Pourtant elles étaient plus que claires :

  • Des fois je ne me sens pas bien, donc il m'arrive de ne pas désirer de contact physique.

  • Ces moments où je ne me sens pas bien sont liés à mes traumas et troubles.

  • Je ne veux pas, et ne peux pas parler de mes traumas.

  • Parfois, même souvent, j'ai besoin de repos, donc on ne peut pas se voir souvent.

  • J'ai besoin de repos parce que j'ai une fatigue chronique, des douleurs musculaires, et un métabolisme lent.

  • Parfois je m'isole, mais je ne t'aime pas moins pour autant.

  • Ma famille est toxique, ma vie anxiogène, donc je ne contrôle pas totalement mon emploi du temps ou la durée de mes activités.

Tout cela est la liste des explications que je donne quand on me demande pourquoi je ne peux pas faire certaines choses, ou pourquoi je suis distante. S'il s'agit d'autre chose, d'une situation plus particulière, j'expliquerai en général, si j'ai le temps et l'énergie. Mais cette personne, malgré ces explications, n'a cessé de me demander encore et encore pourquoi, en pensant que ce n'était qu'un moyen de créer de la distance ou d'utiliser des prétextes pour ne pas la voir. La confiance était donc déjà morte. Si croire que les problèmes de santé deviennent des prétextes dans une relation qui devrait se baser en partie sur la confiance, c'est qu'il y a un énorme souci. Elle souffrait certes de solitude, mais à part lui écrire quotidiennement je ne pouvais rien faire d'autre. Et cette distance on me la reprochait. Dieu sait combien de fois j'ai dû dire non pour voir des copaines, des amoureux.ses, des fêtes, des réunions, des rassemblements et événements géniaux juste à cause de mes conditions de vie anxiogènes et de ma santé. Alors mettre en doute ma parole sur un sujet qui me touche autant, et qui ne facilite pas du tout mon quotidien, ça m'a indigné.

Il fallait que je rassure tout le temps cette personne, en lui disant bien que je n'avais rien contre elle. Mais j'ai commencé à me sentir étouffée, surtout que la notion de consentement n'était pas toujours au rendez-vous. Quand quelqu'un.e insiste pour un baiser, je regrette mais à mes yeux, c'est qu'elle en a rien à faire de votre consentement. Même si vous changez d'avis au bout de quelques secondes, il faut vous demander la chose suivante :

Si elle n’avait pas insisté, l'aurais-je fait ?

Si la réponse est non, c'est que vous n'étiez pas entièrement consentant.e, et ce n'est pas à vous de vous remettre en question, mais à la personne d'en face.

J'ai donc quitté cette personne pour ces raisons.

Exiger d'une personne qu'elle soit présente pour vous, qu'elle soit avec vous, ou qu'elle réponde à votre idéal du couple et envies, quelle que soit leur nature, c'est juste dégueulasse, et ça l'est d'autant plus quand ces gens restent focalisé.e.s sur leur ressenti, leurs envies sans faire preuve de compréhension.

Je ne peux pas entièrement lui en vouloir dans la mesure où cette personne est très seule habituellement. Je peux comprendre, et je voulais faire cet effort de lui expliquer, de la voir aussi souvent que possible, et de montrer un maximum d'affection, même quand ça n'allait pas. Et puis surtout de toujours être honnête et transparente, même si ça faisait mal. Toutefois au bout de deux mois à répéter les mêmes choses, repousser les insistances parfois nombreuses, ce n'était pas ce que je voulais vivre sur une longue durée. J'ai donc mis un terme à cette relation.

Non, aucune personne ne devrait se justifier d'exister ou de ne pas vouloir faire certaines choses sous prétexte que "le couple c'est ça". Personne ne devrait se forcer à parler de ses traumas juste parce que "en couple faut tout se dire, et moi je t'ai confié plein de choses". Personne ne devrait se forcer à faire quoi que ce soit si on en a pas envie, c'est la base du consentement. Si une personne en face de vous ne veut pas comprendre ça, passez votre chemin, et prenez soin de vous.

Si vous ne voulez pas parler de vos traumas, vous en avez totalement le droit.

Et si vous voulez faciliter la communication en utilisant le moins d'énergie possible quand vous avez un ou des handicaps et/ou troubles, vous pouvez suivre les pistes suivantes, à modifier selon vos préférences :

  • Établir la liste de vos handicaps et/ou troubles, en expliquant bien quel impact ils ont sur vous (éventuellement expliquer pourquoi et comment ils fonctionnent).

  • Expliquer comment l'autre peut vous aider à les gérer.

  • Si vous faites des crises, et qu'elles se passent souvent de la même façon, écrire comment elles se produisent et expliquer ce qui peut vous aider à les calmer ou à les vivre sans danger.

  • Lister ce qui peut provoquer ces crises, et les symptômes de celles-ci si vous ne pouvez pas les verbaliser le moment M.

  • Décrire les différents comportements que vous pouvez adopter dans les périodes difficiles, pour que l'autre comprenne bien comment vous fonctionner en cas de mal-être.

  • Lister ce qui pourrait vous aider à surmonter ce mal-être pour réunir ces conditions avec l'autre si cela est possible.

Ce ne sont que des pistes, mais ça vous donnera peut-être des idées. Ce sera déjà moins épuisant que de se répéter continuellement. Comme ça, si l'autre a une question relative à vos handicaps, il vous suffira d'évoquer la liste, la fiche, le PDF complet qui explique tout ce que cette personne aura besoin de savoir. De même, si vous rencontrez de nouvelles personnes ça pourrait vous être utile.

Préservez-vous, et à bientôt.