En lisant l’actualité politique, je lis régulièrement cette expression: la « dictature » écologique. Le plus souvent dans la bouche de ceux qui souhaitent le moins de contraintes possibles. Un bon sujet de sémantique, les mots portent un sens, parfois plusieurs...
Une sorte d’argument ultime pour démonter le discours alarmiste, à raison, d’une partie de la population pour qui la souffrance pour notre terre passe avant notre sacro-sainte liberté individuelle.
Le Larousse propose quelques définitions pour le mot « dictature ». La première qui est aussi la plus courante: « Régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une personne ou par un groupe de personnes (junte) qui l’exercent sans contrôle, de façon autoritaire ; durée pendant laquelle s’exerce le pouvoir d’un dictateur. » Je ne pense pas que nous puissions résoudre le défi écologique actuel avec ce mode de gouvernance. La sobriété, qualité nécessaire pour limiter notre impacte sur le système terre, ne peut être que choisie. Si cette sobriété est imposée, elle sera soit rejeté par résistance soit au prochain changement de système politique.
La seconde définition est plus générique et sort du cadre du système politique: « Pouvoir absolu exercé par une personne ou un groupe dans un domaine particulier ; tyrannie. », mais là aussi comme par magie une personne ou un petit groupe serait capable d’imposer la solution miracle. Là encore, nous sommes dans la sobriété imposée.
Dans la troisième définition, nous nous approchons de quelque chose d’intéressant: « Influence extrême de quelque chose ». Le champ d’application quitte le fait d’une personne ou d’un petit groupe d’illuminés pour introduire ce concept très flou de « chose ». L’écologie peut être cette « chose ». Cette « chose » a bien une influence extrême, largement hors de notre contrôle si nous dépassons certaines limites.
Le sujet de cet article n’étant pas les limites à ne pas franchir, je vais vous laisser lire ou relire des documents qui présentent très bien ces concepts comme « Les limites de la croissance », écrit en 1972, par le Club de Rome. 57 ans plus tard, pas grand-chose à contre dire.
L’écologie, ou plutôt le système terre, peut parfaitement incarner cette « chose ». En cas de basculement, total ou partiel, de l’équilibre du système, son influence sur le vivant (rappelez vous, l’humain est un « vivant », comme un animal, une plante, une bactérie, un arbre…) pourrait devenir radicale. Dans ce cas, cette proposition de dictature écologique deviendrait notre réalité. Mais là encore nous sommes dans la sobriété imposée. Si nous attendons que cette forme de dictature s’applique aux vivants, c’est le chaos qui nous attend.
La sobriété doit être notre seul et unique objectif. Les privations de liberté qui pourraient être imposées par un système terre qui change d’équilibre seront bien plus féroces et leurs impacts bien plus inégalitaires que si nous prenons les devants, collectivement, de manière choisie est volontaire. La sobriété volontaire, la seule voie qui permet de faire de cette sobriété le fondement de notre culture; une valeur forte que nous devront cultiver. Les vivants évoluent dans un système terre qui a ses limites, ses bordures, ses frontières. Il nous faut quitter notre status d’enfant gâté, immature et boulimique, pour devenir des hommes sages, des êtres humains.
Je ne souhaite pas la dictature d’un homme ou d’un petit groupe; elle serait vouée à l’échec. Mais j’accepte de vivre dans ce système terre, qui peut avoir sur le vivant une influence extrême.
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