Suite de l'article de la semaine dernière où je vous donne mon ressenti et mes pensées sur ma visite à la Louve.
Après avoir abordé leur nombre, les modalités de commande, les marges partiquées, je reviens sur la position des employés et le pouvoir des coopérateur·rice·s au sein de la Louve.
La question suivante posée c’est sur leurs AGs et sur la participation aux décisions des coopérateur·rice·s. Chaque inscrit·e·s achète une part du capital (100 euros) et se voit octroyer une voix lors des AGs tous les deux mois. Après… notre interlocuteurs sèche un peu, il n’y ai jamais allé. Il nous mets alors dans les pattes d’un de ses collègues bénévoles, mieux informé. On lui repose notre question sur les AGs, leur déroulement. Petite grimace. Il se lance : « ça ne marche pas vraiment ». Au quotidien le pouvoir de décision c’est les employé·e·s qui l’ont, pas les coopérateur·rice·s. L’AG est là pour permettre aux coopérateur·rice·s d’avoir un regard sur leurs décisions et en remettre éventuellement en cause la direction et en proposer d’autre. Mais elle échoue à ce rôle. Sabotée d’après lui par les employé·e·s, pour qui c’est une contrainte. Les AGs sont chiantes, durent longtemps, avec quinze mille points à traiter qui n’ont pas le temps de l’être. Elles ramènent peu de monde (une centaine, au début c’était plutôt 400). Les employé·e·s apparemment tentent de les espacer plus encore, arguant de leur inefficacité actuelle et que finalement il n’en ressort pas d’initiatives des coopérateur·rice·s. Serpent qui se mord la queue. Volontairement d’après notre interlocuteur qui nous cite en plus un exemple récent d’un bénévole motivé à porter des initiatives et qui se serait ‘vite fait fait calmer et remettre à sa place’ par le staff. Une autre bénévole nous dira également que les employé·e·s auraient du être choisis par les AGs mais finalement là aussi les employé·e·s déjà en place ont eu un poids énorme et fait rentrer des connaissances aux postes ouverts. Ceci dit ce n’est hélas guère une surprise, on sait par expérience que souvent, même dans les associations, les intérêts des employés (e.g. garantir leurs postes) divergent rapidement de ceux des autres bénévoles et du projet initial. De plus parmi les bénévoles ces enjeux de pouvoirs divisent également : un groupe de bénévoles, très motivé, serait en premières lignes sur les réseaux sociaux et autres pour défendreles employé·e·s. « Pour se faire bien voir » nous dit notre interlocuteur. Qui d’ailleurs n’a plus de temps pour nous parler d’autre chose.
On le remercie, lui dit que l’on va se faire un petit tour et puis filer. Pas possible. Il alpague une autre bénévole qui doit nous tenir la main lors de notre tour des rayons. L’occasion de relever les prix. Effectivement tous les produits que l’on a en commun sont plus chers chez eux, de 20 %. Ceci est vrai pour les produits que l’on a via les grossistes. Pour les produits que l’on a via des producteurs locaux la différence est plus importante (car eux passent par des grossistes). Par exemple, la St-Rieul blonde. Nous l’avons à 3.10, ils l’ont à 4.20 (Gamm’vert à Villers l’a à 4.6).
Notre nouvelle guide ne nous apprendra pas grand-chose, ou ça sera malgré elle. Elle se dit un peu déçue de la louve (d’ailleurs un autre nous dit aussi que malheureusement la louve ce n’est pas ce qui avait été promis). Elle est là depuis quelques mois seulement, elle ne connaît quasi rien de l’organisation de la louve, des processus de décision, du pourquoi des produits en rayon, elle n’est jamais allé aux AGs, etc. Et à la fin de notre petit tour… le comble : elle nous annonce en avoir appris plus avec nous (et un bout de discussion avec un autre bénévole auquel elle a assisté) en quelques minutes sur le fonctionnement de la louve que jusque là ! Je disais qu’elle nous avait appris quelque chose malgré elle, ou plutôt confirmé : les bénévoles sont finalement très peu impliqué·e·s dans la coop et savent pas grand-chose (les 4 bénévoles vers qui ont nous a baladé se sont vite retrouvés incapables de répondre à des questions sur le fonctionnement essentiel de la louve). La faute probablement à la hiérarchie organisée : employés, dans leurs bureaux à gérer un tas de choses ; coordinateurs de bénévoles (qui chacun·e ne gère qu’un secteur (e.g. mise en rayon) ; et la grande masse des bénévoles qui fait ce qu’on lui dit, une tâche simple et répétitive (la palme selon moi c’est les deux gardiens de balance, dont une qui était seule à l’étage inférieure, sans client et sans personne à qui parler autre que sa balance peut être). Elle nous apprendra autre chose, justement à propos de ces balances : il y a un peu de vol à la louve, surtout pour les produits pesés. On comprendra peut être alors un peu plus qu’il y est des bénévoles à ces postes là. Mais ! Le vol se fait après, par rajout de produits dans les sacs pesés nous apprend elle. Pourquoi ces vols ? Il n’y aurait pas la conscience que finalement voler le supermarché c’est se tirer une balle dans le pied ? Non nous répond elle, c’est trop grand, trop impersonnel.
Une question ‘simple’ : le loyer il est payé comment ? Via la marge ? Et si oui alors le capital constitué des 100 euros par coopérateur il sert à quoi ? Au troisième bénévole vers lequel on nous dirige on a notre réponse : loyer par la marge. Le capital a permis de se faire prêter de l’argent par la banque. 1, 5 millions d’euros ! Bim. A mettre en parallèle avec les presque 7 millions de CA qui seront atteints cette année nous dit on. Mais quand même.
Et tous ces bénévoles, y en a trop ? Comme à celle de brooklyn vous avez un excédents d’heures à votre disposition et vous proposez des services supplémentaires (crèche, raccompagner certain·e·s membres, etc) ? Car rapide calcul : au moins 5000 actif·ve·s qui donnent 3h toutes les 4 semaines, on avoisine les 17.000 heures de bénévolat par mois ! Plus les heures des dix salariés. « Non, on manque encore de bénévoles pour faire tout ce qui est souhaité ».
Pour terminer notre visite nous passons près des caisses. Des caisses classiques de supermarché. Le payement n’est possible que par chèques et cartes. Le liquide c’est trop compliqué à mettre en place encore. A la sortie nous rendons notre badge aux deux personnes qui la gardent.
Voilà pour la visite. Heureusement pour la louve, les potentiel·le·s intéressé·e·s pour y adhérer n’ont pas la même visite que nous (mais un temps d’accueil hebdomadaire dédié), car je gage que le nombre d’adhésion serait plus faible. Franchement, ça donnait pas envie.
En conclusion il me semble préférable d'avoir dix petites coops qu’un seul gros truc comme ça. A jeudi prochain !
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