Abandon

Voulez vous bien lâcher mon coeur, Madame,
Puisque vous avez décidé de ne plus jouer avec.
Gardez au moins la dignité de rester une femme,
Non pas cet objet de désir en éternelle hypothèque.

Excusez moi de ne plus parler votre langue,
Mes textes ont dû vous paraître bien obscurs.
La séduction n'a jamais été une valeur sûre,
Son discours que vous aimez tant me nargue.

Voulez vous bien oublier mon coeur, Madame,
Je ne cherche pas ce jeu de bête concurrence ;
Etes vous restée jeune et pleine d'innocence,
Ou aimez vous donc cette cour qui se pâme ?

Excusez moi de ne plus pleurer de larmes,
A chaque fois que votre attention je perds.
Mes yeux ne pleurent que pour le charme,
Le votre m'amadoue mais ne m'est plus cher.

Voulez vous bien oublier ma présence, Madame,
Puisqu'elle n'est pour vous que pur apparat ;
Sur ma guitare, je jouerai quelques gammes,
Métaphore de vos amours fugaces et bien plats.

Excusez moi de ne plus cacher mon énorme rage,
La cicatrice de mes espérances m'irrite un peu.
Non, je ne resterai plus dans mon coin très sage,
Dans l'attente de pénétrer dans votre petit jeu.

Voulez vous bien oublier vos grâces, Madame,
Si elles n'existent que pour exciter la rumeur ;
Si ces protocoles vous mettent de bonne humeur,
Je les bannis, les massacrant avec ma fidèle lame.

Excusez moi de ne plus suivre vos faibles rites,
Qui ne présentent que la plus grande incertitude ;
La belle séduction ne se disperse pas, bien vite,
Ces hommes qui vous touchent ne croisent que solitude.

Voulez vous bien éradiquer mes mots, Madame,
Ils ont perdu ce qu'ils étaient partis cherché ;
Ils visaient un coeur et non une cour entachée,
Vestiges d'émotions torturées par de viles âmes.

Excusez moi de ne plus entendre vos appels,
J'ai dû trop vous écouter car j'en ai marre ;
Combien de fous ont dû revenir à vos rappels ?
En tout cas, voici l'annonce de mon départ.