Devant ta mort

Souris-moi, aurais-tu oublié ton invincible charme ?
Yeux mouillés, gonflés de trop pleurer dans l'ombre.
Ne verse pas en ta présence ces impuissantes larmes,
Donnes tort aux inhumains qui t'ont déjà enterré vivant,
Regarde-les défiler en se cachant, le teint sombre !
On les entend cracher, tels des oracles malfaisants.
Mélancolique joie de nous voir, éclate au grand jour,
Emporte cette peur qui te joue tant de vilains tours.

Devant la mort, tu dis que la souffrance n'est plus rien.
' Ignorant ce fléau, tu philosophais en un tour de main,
Maudissant la société pour son égoïsme tant incrusté,
Maudissant l'Église de ne parler que par la papauté,
Unissant ton dynamisme à un esprit rebelle et éclairé.
Non ! Tu ne peux pas t'abandonner et déclarer forfait !
On t'approche, et tu ne fais que nous rejeter sans arrêt.
-Devant la mort, tu dis que la souffrance n'est plus rien.
Et pourtant, tu es recroquevillé sur toi, serrant tes poings.
Fini les beaux discours, les belles embrassades, tu diffères,
Ignorant nos invectives, tu veux t'embarquer dans la galère.
Combattant contre l'injustice, tu nous embrassais toujours,
Incarcéré volontaire dans cette prison sans ami ni amour.
Etouffé par ce refus de contact, tu t'enfermes là, seul,
Névrosé par le mal, tu pries la mort, sans avoir de bol.
Confiance as tu tant perdu, pour nous mentir si fort ?
Egoïste, tu abandonnes, vaincu, avant même le moindre effort.

Acquis de conscience, tu fais bonne figure pour le défilé,
Compagnons de ta vie, tu leur dis oui pour mieux te défiler.
Qu'a-t-on fait pour que ne veuilles plus d'amour ou d'amitié ?
Unique préoccupation de nos esprits, on n'est pas là par pitié.
Ils sont tous venus te chercher, on part de ce lieu si sordide,
S.I.D.A. ne nous empêchera pas de te rendre la vie splendide ;
Enlèvement prémédité, on est prêt à mourir pour notre cause !