Pourquoi tant d'attachement au suffrage universel?

La démocratie, telle qu’on la connaît, est un leurre. C’est une construction humaine qui ne fonctionne pas. On s’y attache comme un trésor alors que la seule chose qui compte dans le fond est la paix et le bonheur des êtres humains.

Je mets ici le lien d’un texte de André Bellon qui est un plaidoyer pour la démocratie et le suffrage universel, point de vue totalement opposé au mien.

https://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article1808

A chacun de se faire une opinion !

L’article proposé comme antithèse commence déjà très mal par son titre: «Pourquoi tant de haine pour le peuple?». On peut être contre le suffrage universel et ne pas avoir de haine pour le peuple.

Au siècle des Lumières, les génies de cette époque étaient essentiellement des philosophes qui ont voulu s’émanciper du fait religieux. Ils rêvaient d’un homme nouveau, émancipé des superstitions et éduqué. Ils sont les inspirateurs de la Révolution française. Les Révolutionnaires se sont inspirés du Contrat social de Rousseau qui était bancal car il lui manquait la sagesse. La Terreur et le Goulag étaient déjà en germe dans ce contrat que le philosophe croyait finalement inapplicable, mais les Révolutionnaires français et russes l’ont pourtant appliqué.

«Afin donc que le pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre ; car telle est la condition qui, donnant chaque citoyen à la patrie le garantit de toute dépendance personnelle ; condition qui fait l’artifice et le jeu de la machine politique, et qui seule rend légitimes les engagements civils, lesquels sans cela seraient absurdes, tyranniques, et sujets aux plus énormes abus.» Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat social

Pendant ce temps, on a assisté à la dégringolade du fait religieux en Occident. Le catholicisme n’est plus qu’une ombre vague du christianisme (lire le livre de Jacques Ellul «La Subversion du christianisme»), comme le protestantisme et, pire, les mouvements évangéliques. L’athéisme et l’agnosticisme gagnent du terrain. Les textes spirituels sont ignorés, plus étudiés et la spiritualité plus pratiquée. Les hommes se considèrent comme des dieux. Chacun y va de sa petite solution égotique pour améliorer la société. Tout le monde se chamaille et de moins en moins de personnes votent. Chacun campe sur ses positions. Le dialogue est impossible car les égos sont démesurés, boursoufflés.

Un autre problème dans nos sociétés occidentales est la présence d’une structure oligarchique. On ne peut empêcher qu’une telle structure se développe à partir du moment où l’on construit une société centrée sur l’intérêt général. Jean-Jacques Rousseau s’était bien planté. Pour empêcher cela, il faudrait construire une nouvelle société centrée sur les biens communs. C’est ce que démontre Jean-Marie Pousseur dans cette conférence:

Je suis convaincu que si nous voulons éviter l’effondrement de notre civilisation, il nous faut renoncer au droit de propriété et le remplacer par un droit d’usage. Il faudrait aussi supprimer les héritages. Ça tuerait le capitalisme et réduirait de manière drastique les inégalités. Les Aborigènes d’Australie ont fait cette expérience et la réussite de leur société était totale, avant que n’arrivent les occidentaux.

Il faut ensuite que notre contrat social soit centré sur les biens communs et non plus sur l’intérêt général. Il faudrait enfin revoir notre système démocratique. Oui, le suffrage universel est une hérésie. Je persiste et signe après y avoir mûrement réfléchi.

L’auteur de l’article écrit:

«Considérer aujourd’hui que la souveraineté populaire appuyée par la raison n’est pas à même de préparer l’avenir est un a priori idéologique. L’exemple du référendum de 2005 qui a vu le peuple français se mobiliser pendant de longs mois sur un sujet technique compliqué et refuser le Traité Constitutionnel Européen prouve à l’évidence le contraire.» André Bellon, Pourquoi tant de haine pour le peuple?

Je pense que le peuple a surtout manifesté son patriotisme qui s’accorde avec l’idée de souveraineté et d’Etat-nation (encore un concept qui nous vient des Lumières). Le Brexit n’est, pour moi, que l’effet exacerbé du patriotisme qui peut mener au nationalisme.

Le chauvinisme, le patriotisme et le nationalisme viennent de fortes émotions culturelles dues au fait que nous sommes des véhicules culturels, comme bon nombre d’animaux.

Nous sommes en train de vivre plusieurs graves crises existentielles (covid-19, économie au bord de l’effondrement, épuisement des ressources, destruction de l’environnement, changement climatique, effondrement de la démocratie, mal-être général, avancée de l’idiocratie…). Cela s’appelle un collapsus civilisationnel. Pour éviter ce mur qui pourrait nous amener à la disparition de l’humanité, il faut changer de civilisation. Cela doit passer par le plus important combat de notre vie: le combat spirituel contre soi-même. C’est de lui que dépend l’obtention de notre bonheur et de la disparition de nos peurs.

La première chose à faire est de dire non à nos gènes quand ils nous commandent un comportement qui n’est aujourd’hui plus approprié. C’est le cas du chauvinisme, du patriotisme et du nationalisme, très en vogue en ce moment dans le monde occidental.

Plus loin dans son article, André Bellon écrit:

«Ainsi, le constitutionnaliste Dominique Rousseau explique-t-il qu’il est plutôt hostile au RIC parce qu’il permettrait de «demander le rétablissement de la peine de mort ou l’instauration d’une préférence nationale ou l’enfermement préventif des pervers sexuels». Comme tous ceux qui balancent cette insulte, il ne prend même pas la peine de l’étayer. Ceux qui ont fait des réunions concernant la souveraineté populaire savent que, systématiquement et particulièrement s’ils défendent le RIC, ils se trouvent confrontés à des personnes critiquant la volonté des citoyens au nom de risques a priori, dont celui de voir rétablir la peine de mort. Je suis l’un des députés qui ont voté l’abolition et je m’en flatte ; j’ai souvenir qu’à l’époque, je n’ai eu ni avant le vote, ni après, de grandes manifestations hostiles, tout au plus des demandes d’explications. En fait je vois, dans ce type de réactions, la volonté de certains de légitimer leur haine de la souveraineté populaire et leur mépris de classe.» André Bellon, Pourquoi tant de haine pour le peuple?

On peut être contre le RIC sans manifester un mépris de classe. En plus, l’auteur oublie facilement des études qui montrent à quel point le RIC est périlleux. Par exemple, une étude du MIT publiée dans la revue Science en mars 2018 montre que:

«Les mensonges se diffusent significativement plus loin, plus rapidement, plus en profondeur et de façon plus large que la vérité dans toutes les catégories d’information, avec des effets plus prononcés quand il s’agit de nouvelles erronées sur la politique. (…) Il a fallu à la vérité environ six fois plus de temps que le mensonge pour atteindre 1 500 personnes et 20 fois plus de temps que le mensonge pour atteindre une profondeur de cascade de 10. Comme la vérité ne s’est jamais répandue au-delà d’une profondeur de 10, nous avons vu que le mensonge atteignait une profondeur de 19 près de 10 fois plus vite que la vérité n’atteignait pas la profondeur de 10. Le mensonge a également diffusé de manière significativement plus large et a été retweeté par plus d’utilisateurs uniques que la vérité à chaque profondeur de cascade.»

https://science.sciencemag.org/content/359/6380/1146.full

Sur l’avenir de la vérité et de la désinformation en ligne, une étude effectuée par le Pew Research Center nous apprend que pour une majorité d’experts, dans les 10 prochaines années, on ne sera pas capable de développer des méthodes qui vont pouvoir lutter contre la désinformation. On vivra dans un monde de pseudo connaissances sur le web qui circuleront sur la base d’informations vraies.

https://www.pewinternet.org/2017/10/19/the-future-of-truth-and-misinformation-online/

Il faut ajouter à cela des médias mainstream aux commandes de l’oligarchie et des réseaux sociaux qui sont en train, en leur état, de détruire l’instruction, l’esprit critique et le tissu social parce qu’ils sont détenus par des sociétés privées qui ne pensent qu’au fric. D’anciens cadres de Facebook expriment d’ailleurs leurs remords d’avoir contribué à son succès:

«Lors d’une conférence à la Stanford Graduate School of Business, dont la vidéo a été repérée lundi 11 décembre par le site spécialisé The Verge, Chamath Palihapitiya, qui fut chez Facebook vice-président chargé de la croissance de l’audience, exprime ses regrets d’avoir participé au succès de l’entreprise. «Je crois que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social», avance-t-il, confiant se sentir «immensément coupable».»

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/12/12/d-anciens-cadres-de-facebook-expriment-leur-culpabilite-d-avoir-contribue-a-son-succes_5228538_4408996.html

Il y a 2,5 milliards d’utilisateurs de Facebook dans le monde. Voici l’une des plus belles formes d’aliénation de l’homme dans nos sociétés occidentales. Et la masse d’argent engrangée par cette entreprise, grâce à cette aliénation, lui permet d’aggraver encore un peu plus son cas:

https://siecledigital.fr/2019/06/11/facebook-ia-copie-voix-bill-gates/

Dans ce contexte, je ne vois pas comment on peut promouvoir le RIC. Je suis personnellement plus favorable aux conférences de citoyens développées, en particulier, par Jacques Testart :

http://jacques.testart.free.fr/index.php?post/texte799

Si l’homme occidental ne fait pas sa propre introspection pour reconnaître ses errements, il ne s’en sortira jamais. Le matérialisme et l’attachement aux biens de ce monde ne sont ni des valeurs de droite, ni des valeurs de gauche. Elles touchent même des gens comme Mélenchon ou Poutou (le grand vainqueur à Bordeaux). Sans cette introspection, une victoire de Mélenchon ne serait qu’un pansement sur un plaie purulente, il ne tiendra pas. Il ne faut pas attendre tout de la politique.

La politique n’est que le fruit du délitement des connaissances. Elle fait partie des sciences sociales et de la philosophie. On peut voter écolo et continuer à aimer sa bagnole et son petit confort incompatibles avec la préservation de l’environnement, comme on peut aller à la messe en continuant à aimer l’argent et haïr son prochain.

Les gens de la vraie gauche, comme Mélenchon, ne diront jamais que les gens sont attachés aux plaisirs de ce monde. En plus, nous avons mis au monde des enfants rois depuis la génération des enfants désirés qui remonte à la révolution sexuelle. A ces enfants, nous avons mis des smartphones entre leurs mains sur lesquels ils vont racontés des conneries sur les réseaux sociaux 3h par jour en moyenne. Leur niveau scolaire est en chute libre depuis des années. Que dit Mélenchon à ce sujet ? Rien. Le peuple n’a pas toujours raison et le pouvoir de la majorité peut devenir une tyrannie.

Le jour où des gens se sont battus pour des pots de nutella, Mélenchon a dit que cela était bien normal d’offrir un peu de plaisir à ces pauvres gens. Il y a pourtant une forme de pauvreté bien pire que la pauvreté matérielle. Répondrait-il la même chose aux stockeurs de PQ, aux consommateurs de McDo mauvais pour la santé et à ceux qui portent des jeans troués fabriqués par des esclaves parce que c’est à la mode?

Dans le Dhammapada (paroles de Siddhartha Gautama, le premier Bouddha), il est écrit:

«Pour la personne qui est agitée par de (mauvaises) pensées, qui a de fortes passions, qui ne voit que le plaisant, la soif grandit fermement. Vraiment, elle renforce les liens [avec Māra]. Celui qui se réjouit en subjuguant les pensées, qui médite sur l’impureté, celui qui est toujours vigilant, celui-là mettra une fin (à la soif); il coupera le lien de Māra.» Dhammapada 349-350

Māra, littéralement « mort », est, dans le bouddhisme, l’esprit tentateur qui essaya d’empêcher Siddhartha Gautama d’atteindre l’éveil.

Jésus a dit une parole tout à fait similaire:

«Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle.» Jn 4,13-14

Quand une civilisation devient décadente, on ne peut rien espérer de bon de mesures décidées par une majorité de personnes. 40% des gens sont bien satisfaits de la politique menée par Macron et ses sbires.

Constater un problème dans la mentalité d’une bonne partie des Occidentaux (ça ne concerne pas que les Français) ne signifie pas nécessairement avoir du mépris pour ces personnes. Un homme qui aime son prochain ne peut pas le laisser tomber dans un trou à cause de son aveuglement. Jésus n’a jamais dit que les gens étaient gentils et dignes de confiance:

«Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.» Jn 3,19

Plus loin dans son article, André Bellon ajoute:

«C’est tout à fait logiquement que ces visions surplombantes aboutissent à attaquer le principe même du suffrage universel. Ainsi Thierry Pech, porte-parole de Terra Nova, l’icône du parti socialiste, déclare-t-il que «les populismes reposent sur une absolutisation du suffrage. Ni Bolsonaro, ni Orban, ni Poutine, ne sont le produit d’autre chose que des élections. En dehors des élections, point de légitimité à la presse, à la justice, aux corps intermédiaires». Un positionnement charmant, à mi-chemin entre la naïveté et le totalitarisme. Notons l’énormité du propos : la légitimité ne vient pas des urnes, elle vient des médias ou des corps intermédiaires, donc d’une caste bien fermée. Intéressantes pirouettes qui permettent d’attaquer le suffrage universel et non plus le système politique qui le détourne avec acharnement.» André Bellon, Pourquoi tant de haine pour le peuple?

Ca tombe bien, je remets en cause le suffrage universel et l’oligarchie qui le détourne.

André Bellon refuse de reconnaître une part de responsabilité indéniable du suffrage universel dans l’élection de mauvaises personnes. Bien sûr que l’oligarchie a aidé à cela, mais comme le disait Alexis de Tocqueville:

«Il est donc aussi difficile de concevoir une société où tous les hommes soient très éclairés, qu’un État où tous les citoyens soient riches ; ce sont là deux difficultés corrélatives. J’admettrai sans peine que la masse des citoyens veut très sincèrement le bien du pays ; je vais même plus loin, et je dis que les classes inférieures de la société me semblent mêler, en général, à ce désir moins de combinaisons d’intérêt personnel que les classes élevées ; mais ce qui leur manque toujours, plus ou moins, c’est l’art de juger des moyens tout en voulant sincèrement la fin. Quelle longue étude, que de notions diverses sont nécessaires pour se faire une idée exacte du caractère d’un seul homme ! Les plus grands génies s’y égarent, et la multitude y réussirait ! Le peuple ne trouve jamais le temps et les moyens de se livrer à ce travail. Il lui faut toujours juger à la hâte et s’attacher au plus saillant des objets. De là vient que les charlatans de tous genres savent si bien le secret de lui plaire, tandis que, le plus souvent, ses véritables amis y échouent.» Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique

André Bellon poursuit:

«(…) l’idée du tirage au sort progresse grâce à l’appui d’une fraction de l’extrême gauche. Elle ouvre à une classe dirigeante de plus en plus contestée par les citoyens une perspective pour contrôler l’expression populaire soupçonnée de toutes les bassesses. C’est ainsi que la «Convention citoyenne pour le climat» a émergé comme une bénédiction pour le pouvoir en place. Elle lui permettait de se présenter comme «démocrate» à un moment où sa légitimité était fortement contestée ; elle faisait plaisir au mouvement écologique, ou du moins à une partie de celui-ci friande de symboles au rabais tels que Greta Thunberg ; elle détournait l’attention loin des résultats électoraux.» André Bellon, Pourquoi tant de haine pour le peuple?

L’auteur est ici malhonnête. Il est évident que dans un système démocratique corrompue, une convention citoyenne ne pouvait qu’être dévoyée pour faire croire que le système est toujours démocratique. Les gens corrompus ne peuvent que corrompre tout ce qu’ils touchent.

Pour qu’une convention de citoyens puisse fonctionner, Il faut commencer par changer la constitution de notre République pour passer à une 6ème et y aller ensuite progressivement. On peut garder le suffrage universel pendant le temps de la bascule vers un fonctionnement totalement différent de notre société. Il faudrait au minimum passer au mode de scrutin dit du jugement majoritaire qui fonctionne beaucoup mieux en évitant la dispersion des voix. Je constate que le programme l’Avenir en commun ne le propose pas.

Au final, il faudrait arriver à détruire le capitalisme, condition sine qua non pour progresser, et tout particulièrement sa version néolibérale. Pour comprendre le problème, voici un article éclairant:

https://www.cairn.info/revue-vacarme-2004-4-page-86.html

On peut tenter de le résumer ainsi:

La rationalité néolibérale étendue à l’État indexe le succès de l’État sur sa capacité à soutenir et à nourrir le marché, et attache sa légitimité à son succès en ce domaine. L’État ne doit pas seulement s’intéresser au marché, il doit penser et se conduire comme un acteur du marché. Dans ce contexte, son retrait de certains domaines et la privatisation de certaines de ses fonctions ne sont pas un démantèlement, mais consistent plutôt en une technique de gouvernance. La gouvernementalité néolibérale mine l’autonomie relative de certaines institutions (la loi, les élections, la police, la sphère publique) les unes par rapport aux autres, et l’autonomie de chacune d’entre elles par rapport au marché. Elle s’évertue à faire en sorte que chaque aspect de la vie politique et sociale soit ramené à un calcul économique. Tout doit être optimisé, rationalisé pour la bonne santé du marché. Hors du marché pas de moralité, pas de foi, pas d’héroïsme, voire pas de sens du tout.

L’État doit aussi contribuer d’une manière volontariste à la fabrique du sujet néolibéral. Dans une société néolibérale, tout doit être géré comme une entreprise. Chaque individu est responsable de sa vie et l’Etat n’a pas de responsabilité envers lui. Il doit sans cesse calculer ses coûts et ses bénéfices. La citoyenneté politique est réduite à un degré sans précédent de passivité béate. Le citoyen néolibéral type est celui qui choisit stratégiquement, pour lui-même, entre les différentes options sociales, politiques et économiques. Dans un contexte néolibéral pleinement réalisé, les citoyens sont tout sauf préoccupés par le bien commun. Ils forment à peine un peuple. La société est atomisée. Le corps politique n’est plus un corps, mais bien plutôt une collection d’entrepreneurs et de consommateurs individuels. Le néolibéralisme entraîne l’érosion des oppositions politique et la fin de la démocratie libérale.

Autre élément important qu’il faut prendre en compte: les protestations bénéficient essentiellement à l’extrême droite. Quand la liste des Gilets jaunes a été créée, elle était à 13% fin janvier 2019 puis elle s’est effondrée. On voit très bien sur le graphique des sondages des 6 derniers mois, que les suffrages ont été pris au RN et à Debout la France, pas aux partis de gauche (onglet “Tous les partis”):

https://www.huffingtonpost.fr/entry/sondages-europeennes-2019-retrouvez-notre-compilateur-un-mois-avant-le-scrutin_fr_5cc1b7cfe4b01b6b3efdadc8

Il faut ensuite remplacer l’organisation pyramidale du pouvoir par une organisation horizontale plus performante et difficile à corrompre. L’holacratie est un bon exemple de ce que l’on pourrait faire. Au lieu de confier le pouvoir à une personne au sommet de la pyramide, on pourrait le confier à un collège de personnes révocables facilement si nécessaire (comme dans le cas des jurés d’assises).

Je crois en l’intelligence collective à partir du moment où l’on donne les moyens aux gens d’être parfaitement éclairés. On peut le faire facilement pour un groupe de quelques centaines de personnes, mais beaucoup plus difficilement pour des millions.

Le suffrage universel ne permet pas de résoudre le problème de l’instabilité des pouvoirs en place, bien au contraire. Depuis qu’il existe, on ne cesse d’observer des renversements d’orientation politique car les gens ne sont jamais satisfaits, et pour cause: les idéologies politiques sont imparfaites parce qu’elles sont des idéologies et qu’elles s’accomodent mal avec la vérité. Quand un pouvoir en a remplacé un autre, il aime défaire ce que le précédent a fait. Et je ne vois pas comment il en serait autrement avec nos partis politiques qui créent des divisions dans le peuple. Ces instabilités sont une entrave aux changements profonds dont l’humanité a besoin. Il nous faut des plans de développement programmés sur de longues années et stables.

Au lieu de passer par une dictature, je propose de remplacer le suffrage universel par un tirage au sort parmi des citoyens consentants et respectables (ce qui ne veut pas dire des notables), avec renouvellement régulier et possibilité de révocation.

Pour finir, j’aimerais vous faire écouter ce conte d’Octave Mirbeau intitulé “Le Tripot aux champs” (attention, je ne suis pas d’accord avec tous les propos tenus par Mirbeau dans ce conte, en particulier sur le respect des structures hiérarchiques puisque je suis pour une société de serviteurs et non de maîtres/esclaves comme aujourd’hui, mais je retiens l’idée que la vie des gens a été corrompue par la démocratie et les partis politiques qui vont avec):

Réf: http://www.litteratureaudio.org/mp3/Octave_Mirbeau_-_Lettres_de_ma_chaumiere_02_Le_Tripot_aux_champs.mp3

Soyez patient pour le lancement de la lecture du fichier audio, le site qui l’héberge manque un peu de performance.

Vous pouvez aussi lire avec profit le petit ouvrage de la grande philosophe Simone Weil (pas la politicienne) sur la suppression des partis politiques